La représentante de l´Autorité palestinienne à Bruxelles, invitée d´un débat à l´Institut du monde arabe à Paris, fait un tour d´horizon de la situation au Proche-Orient.
C´est une soirée de retrouvailles qu´avait organisée, jeudi, le CJPP5 (comité justice et paix en Palestine et au Proche-Orient, du 5e arrondissement) en invitant Leïla Shahid à parler de la politique de l´Union européenne face au conflit israélo-palestinien. Quatre journalistes étaient là pour la questionner.
La représentante de la Palestine auprès de Bruxelles a d´abord dit le mal qu´elle avait eu à se repérer dans « le maquis des institutions de l´UE », décrite comme « un monstre à trois têtes » qui « avance par millimètres et à tout petits pas ». L´un de ces pas, c´est le texte adopté le 8 décembre par les ministres des Affaires étrangères de l´UE qui affirme que Jérusalem doit être la capitale de deux États, Israël et la Palestine, et que les colonies construites dans les territoires conquis par Israël en 1967 sont illégales, y compris celle de Jérusalem-Est. Preuve de son importance, « jamais, dit Leïla Shahid, les Européens n´ont subi autant de pressions de la part d´Israël ». Elle salue « le courage » de la présidence suédoise, faisant un parallèle avec la présidence française qui avait tenté d´imposer un rehaussement des relations avec Israël en en faisant un quasi-membre de l´UE, décision que « le Parlement européen a heureusement bloquée ». C´est la seule bonne nouvelle.
Pour le reste, elle voit surtout des raisons d´inquiétude : la division interpalestinienne, constitue, dit-elle, « le défi le plus grave que nous ayons eu en soixante ans ». Il y a aussi « le risque d´une attaque contre l´Iran, qu´Israël utilise pour occulter le problème palestinien ». « Ce serait la fin du monde car Israël a 200 têtes nucléaires et l´Iran, des missiles qu´il enverrait sur Dimona. »
Son espoir réside non dans les États arabes « coupés en trois mondes - Machrek, Maghreb, Golfe - et en proie à une crise d´identité réelle, et pas fictive comme en France », ni dans les États-Unis, où « le président a changé, mais pas les institutions », mais dans « la Turquie, qui constitue un pont et une vraie aubaine pour l´Union européenne ».
Françoise Germain-Robin
publié par l´Humanité le mardi 15 décembre 2009
http://www.humanite.fr/2009-12-14_I...