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  • Le «silence affligeant» de la CICAD

    Le «silence affligeant» de la CICAD - Le Courrier

    Le «silence affligeant» de la CICAD

    Cité d’une manière qu’il juge diffamatoire dans une opinion du secrétaire général de la CICAD («L’éternel retour du fantasme CICAD», notre édition du 3 octobre), Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, réplique.
    Réaction

    Cela fait plus de dix ans que nous interpellons la CICAD pour qu’elle se démarque des exactions sionistes répétées à l’encontre des civils palestiniens. Un organisme qui, contrairement à ce qu’affirme son secrétaire général, Johanne Gurfinkiel, a toujours eu des liens très fort avec l’Etat d’Israël, et refuse d’en faire la moindre critique. J’aimerais cependant souligner un point sur lequel nous sommes d’accord: il est évident que les atrocités commises à Gaza ont entraîné une recrudescence de l’antisémitisme. A tort, parce que l’on ne doit pas confondre l’immense culture juive avec une idéologie qui pose des problèmes depuis 1917. Or, Johanne Gurfinkiel affirmait récemment dans la presse romande: «Le sionisme soutient le droit du peuple juif à l’autodétermination et à la création d’un Etat-nation en terre d’Israël. Il ne définit pas de frontières.» Cette dernière phrase est ambiguë. Quelles sont en effet les limites géographiques légitimes de l’Etat d’Israël? Jamais la CICAD n’a condamné la colonisation qui se poursuit, et ses méthodes inhumaines qui ne respectent ni les Conventions de Genève, ni le droit international. Est-il dès lors raisonnable de subventionner dans notre canton un organisme qui affiche vertement son soutien à un projet dont on ne connaît pas les frontières, et qui s’étend bien au-delà de celles de 1967, contre le droit international?

    «De la rivière à la mer, la Palestine sera libre!» Contrairement aux dires des propagandistes, ce slogan ne signifie absolument pas que les juifs doivent être exterminés. Avant l’arrivée des colons, juifs, chrétiens et musulmans vivaient en paix dans un Etat appelé Palestine. Que doit-on penser cependant de la volonté affichée de créer le Grand Israël, du Nil à l’Euphrate?

    Autre ambiguïté: Johanne Gurfinkiel a déclaré que «l’antisionisme est une forme contemporaine d’antisémitisme, car c’est appeler à l’éradication de l’Etat juif». Vraiment? Que dire des juifs antisionistes? Et ils sont nombreux! Et comment peut-on confondre un Etat qui se dit juif avec les juifs qui ne se réclament pas de cet Etat? Comment, en outre, concilier un Etat suprémaciste avec les valeurs citoyennes? Les juifs qui, pour lutter contre l’antisémitisme, dénoncent sans détour les agressions sionistes, adoptent une attitude bien plus intelligente que celle des membres de la CICAD, qui s’obstinent dans un silence affligeant, et perdent ainsi toute crédibilité.

    On ne vous demande pas de traiter de «fréristes, islamistes, terroristes» ceux qui vous soumettent pareilles réflexions relevant somme toute du bon sens. N’est-il pas temps, afin de lutter contre l’antisémitisme, et contre l’islamophobie au passage, de dire haut et fort – et précisément en gardant en mémoire les victimes des atrocités nazies – qu’être juif, et donc homme avant tout, c’est défendre tous nos semblables contre tous les racismes et contre toutes les injustices, sans privilège aucun?

    «L’éternel retour du fantasme CICAD», notre édition du 3 octobre