Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La miséricorde entre époux[1]

L'Islam, au VIIe siècle, a donné à la femme un statut et une place qu'aucune civilisation n'avait connus jusqu'alors. Il lui a garanti le droit de choisir son époux, et de refuser qu'il lui soit imposé d'une quelconque façon.  

Dans le cadre de la vie conjugale, les savants musulmans ont dressé la liste des multiples droits qui reviennent à l'épouse, toutes les charges du ménage incombant au mari, lequel se doit d'assumer le bien-être et le bonheur de sa conjointe par un comportement exemplaire au niveau familiale:

 

« Et comportez-vous convenablement envers elles. » (Coran 4, 19)

 

Le Prophète (que Dieu le couvre de Sa miséricorde) affirmait ainsi:

 

« Le plus parfait des croyants est celui qui a le meilleur caractère.  Les meilleurs d'entre vous sont ceux qui sont les meilleurs pour leurs épouses. » (At- Tirmîdhî)

 

Le mari doit également veiller à l'instruction de son épouse en matière de connaissances religieuses.  S'il ne peut lui-même transmettre le savoir nécessaire pour comprendre et appliquer l'Islam, il doit tout mettre en œuvre pour permettre à celle-ci d'acquérir ces notions indispensables.  Cependant, notre but ici n'est pas d'analyser et d'énumérer dans les détails les obligations de chacun des membres d'une même famille.  Il est simplement de rappeler que si l'Islam définit effectivement un certain nombre de droits et de devoirs pour l'homme et la femme dans l'espace familial, il n'en reste pas moins vrai que la nature de la relation qui unit le couple repose sur des sentiments qui nous élèvent au-delà de toute forme de « comptabilité ».

 

L'Islam ne condamne pas le sentiment amoureux.  Être amoureux n'est pas en soi un péché.  Ibn Mâja rapporte un hadith que les savants ont authentifié, où le Prophète  déclare:

 

« Pour deux êtres qui s'aiment, on n'a jamais vu chose qui soit comparable au mariage. »

 

En d'autres termes, l'essentiel est de « canaliser » ce sentiment et de lui assurer sa légitimité par le mariage afin d'éviter toute relation extraconjugale entraînant le désordre social.

 

Le mariage permet également de faire la différence entre ce qui n'est qu'une passion passagère, un désir lié purement à l'attrait physique d'une personne que l'on croise superficiellement, et le lien profond qui unit deux êtres décidés à fonder un foyer leur vie durant.  Dans le premier cas, la femme n'est « qu'un objet de désir », et la société qui autorise ouvertement de telles relations montre en réalité - sous couvert d'émancipation - un réel mépris pour toutes celles qui sont confinées ainsi au monde des apparences.  Dans le second cas, l'union conjugale permet la réalisation d'un amour authentique qui indique que l'autre ne peut être un « moyen », ou « l'instrument du désir », mais une « fin » réelle, un être que l'on chérit et qui nous accompagnera, partenaire de nos joies et de nos tristesses, jusqu'au retour à Dieu.

 

Même dans les sociétés où la multiplication des partenaires est devenue la règle, on voit que les hommes et les femmes, souvent déboussolés et désorientés par le phénomène de la libération des mœurs, aspirent à retrouver une quiétude et une sérénité dans leur vie familiale.  Aspiration légitime, qui correspond exactement à la nature de l'homme.  L'Islam, en effet, souligne qu'il y a une norme universelle qui définit le couple:

 

« Parmi Ses signes est qu'Il a créé à partir de vous-mêmes, pour vous, des épouses, pour que vous trouviez auprès d'elles le calme et le gîte et qu'Il a établi entre vous des liens de tendresse et de miséricorde.  Il y a  en cela des signes certains pour des gens qui méditent. »  (Coran 30, 21)

 

Ce très beau verset montre d'abord que le lien conjugal est l'expression de la volonté de Dieu.  Il est un signe qui devrait nous faire saisir que la relation amoureuse est un don de Dieu, une bénédiction qui fonde l'existence même du couple, le rattachant à la transcendance.  Ce souvenir du bienfait, c'est sans aucun doute la meilleure façon de le conserver.  Le Coran dit ailleurs: « Et lorsque votre Seigneur proclama: « Si vous êtes reconnaissants, très certainement J'augmenterai (Mes bienfaits) pour Vous. » (Coran 14, 7)  L'oublier au contraire en rompant son lien avec le Créateur, c'est exposer son ménage à toutes sortes de déboires, voire à une rupture définitive.

 

Ensuite, ce verset parle de la tendresse ou de l'amour (al-mawadda), avant d'évoquer la miséricorde (ar-rahma), ce qui correspond aussi à l'évolution du couple.  Lorsque les partenaires sont jeunes, c'est l'amour qui est le plus fort et qui renforce l'attirance qu'ont les conjoints l'un pour l'autre.  Avec le temps cependant, chacun se découvre davantage à l'autre qui entrevoit des faiblesses, des défauts inhérents à la nature de l'homme.

 

Les problèmes de la vie, les difficultés, les disputes sont autant d'épreuves qui ne peuvent être surmontées sans la miséricorde, qui vient alors s'ajouter à la tendresse et l'amour.

 

Physiquement, il n'existe pas de lien plus rapproché et plus intime que celui que l'on trouve entre les époux, qui se découvrent l'un à l'autre.  Proximité que nous n'avons pas avec nos propres parents et nos enfants.  Le Coran donne une très belle image pour désigner cette relation tout à fait particulière:

 

« Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles. » (Coran 2, 187)

 

Le vêtement indique la nature du contact physique entre ces deux êtres, mais aussi, le vêtement est ce qui cache la nudité de l'homme. En d'autres termes, c'est dans le cadre d'une relation légitime que la sexualité est protégée dans son « exercice » même-si l’on peut dire-  alors qu'en dehors de ce cadre, elle peut être un facteur de déséquilibre et de trouble.

En clair, l'Islam expose une conception du couple qui n'a rien à envier au féminisme le plus exacerbé.  Amour et miséricorde sont le fondement même de la famille.  Et celle-ci est invitée à vivre une aventure merveilleuse, qui loin d'interdire le sentiment amoureux et le plaisir naturel, les porte au contraire vers leur plus haute réalisation: l'amour est un don de Dieu que la pudeur protège.

 



[1]Extrait de La Miséricorde en Islam, par Hani Ramadan, édition Tawhid, Lyon

Les commentaires sont fermés.