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LETTRE A MARINE ET MARION, 16 avril 2017

NON AU FN

Mesdames,

 

Laissez-moi vous dire, dans un  registre qui n’est pas un détail de l’histoire, que je n’aime pas les nazis. Et pour les raisons suivants :

 

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Dans les années trente, le parti nazi a gagné du terrain en diabolisant les juifs parce qu’ils étaient juifs. Cet antisémitisme a conduit l’Europe démocratique bien-pensante aux pires excès. Se servir d’un bouc émissaire pour asseoir une audience électorale, voilà une forme de perversion de nos institutions, qui, hélas, peut sévir une nouvelle fois.

 

Je n’aime pas les nazis.

 

L’Allemagne d’Hitler a reposé sur deux fondements :

 

Le drapeau qui était hissé bien au-dessus de l’humanisme, et qui a confondu les limites du bien et du mal avec les frontières géographiques dressées arbitrairement par les tribus humaines ; et la crise économique dont on a rendu responsable ce « corps étranger », dont il fallait se débarrasser pour retrouver la pureté primitive des enfants de la nation. Cela s’appelle le national-socialisme.

 

Je n’aime pas les nazis.

 

Ils ont réussi progressivement à s’emparer des rouages de la presse et des médias, obtenant de plus en plus d’audience. Portés par l’émotion plus que par la réflexion, les foules aveugles prises par une frénésie exacerbée sont tombées dans le piège de cet élan abominable. Rares sont les journalistes qui ont refusé alors de considérer que leur doctrine est tout simplement inacceptable, parce qu’elle conduit non seulement au rejet de l’autre, mais à son élimination radicale. Cachez ce juif que nous ne saurions voir. Ou bien non : distinguez-le par la marque de l’opprobre. Ce qui revient finalement à la même chose. En de telles circonstances, les journalistes, hélas, composent avec leur lectorat et vont à la dérive, tout comme les politiciens tiennent compte de leur électorat…

 

Je n’aime pas les nazis.

 

Voyez comme ils étaient fiers en menant les campagnes qui les ont portés au pouvoir, au milieu des foules qui les célébraient.  Ils agitaient les bras avec de grands sourires en signe de triomphe ; et leurs drapeaux mille fois maudits ! Ils étaient blancs, beaux  et braves ! Des guerriers sauveurs de la nation. Ils disaient : « L’Allemagne, c’est nous ! » Ils méprisaient l’autre et ne voulaient plus de synagogues. Oui, Marine et Marion, rendez-vous compte ! Ils ne voulaient plus de synagogues ! Autre détail pour ces misérables…

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Aujourd’hui, Mesdames, que reste-t-il de tout cela ? Notre profond mépris pour ces agitateurs qui se sont grisés d’horreur, incapables de ressentir la souffrance et la détresse des autres.  Pour ces coupables imposteurs, qui après avoir mis le feu partout, ont désigné les incendiaires…

 

Voilà, Mesdames, les quelques réflexions que je voulais partager avec vous.

 

Et libre à vous d’aimer qui bon vous semble…

 

 Hani Ramadan

 

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