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Martine Brunschwig Graf, l’amie des musulmans

Lettre et questions à Martine Brunschwig Graf


Chère Madame,


Je n’aurais pas pris ma « plume » pour m’adresser à vous, tant vous me paraissez une personne insignifiante, si vous n’aviez eu l’outrecuidance de vous vanter de m’avoir « puni », il y a bien des années, pour mes propos sur des éléments du droit musulman. ( RTS le 15 novembre 2017 . L'invité-e de Romain Clivaz - Martine Brunschwig Graf, ancienne conseillère d'Etat genevoise.)


Car soit vous avez la mémoire courte, ce dont je doute ; soit vous versez dans une forme d’hypocrisie misérable, ce dont je suis à peu près certain.

Le Tribunal administratif de Genève vous a désavouée à deux reprises en ordonnant ma réintégration au DIP. Suite de quoi mon salaire m’a été restitué, et un arrangement – et non un licenciement – a été conclu, aboutissant au remboursement de la totalité des frais de mon avocat, Me Eric Hess, ainsi qu’à une forte indemnité. Je ne sais donc pas qui a été vraiment « puni » dans cette affaire.

Je peux, si vous le souhaitez, vous remettre les coupures de presse où l’on vous voit la mine défaite, plutôt fuyante devant les journalistes qui attendaient de vous des commentaires sur ce dénouement que vous n’aviez pas prévu.

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Et le racisme contre les Palestiniens?

Et le massacre des civils?

 

Un peu de décence s’impose donc, quand vous revenez sur cet épisode, dont je garde en ce qui me concerne le souvenir d’une grande victoire contre l’injustice qui consiste à priver un homme de son emploi du fait de ses convictions religieuses, et sans égard pour sa femme et ses enfants. Vous devriez aussi prendre du recul sur votre propre carrière : les Suisses n’aiment pas les personnes qui ont du mal à cacher leur haine, et qui se réjouissent en direct du malheur des autres. Cela explique peut-être que vous n’ayez jamais pu vous hisser au Conseil fédéral ?

Vous affichez par ailleurs vis-à-vis de notre communauté un pseudo-soutien mielleux dont je connais le secret. C’est vous, Madame, qui êtes à l’origine du fait que des milliers de femmes musulmanes suisses et résidentes, pratiquantes, ne pourront pas travailler dans  le domaine de la fonction  publique, alors que la Déclaration des droits de l’homme stipule en son article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique (….) la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. » Une telle position donne de notre pays, au même titre que l’interdiction des minarets, une image détestable, et vous en êtes la première responsable. C’est vous qui avez contraint une enseignante musulmane à enlever son voile dans le cadre scolaire, et qui vous montrez fière, aujourd’hui encore, d’être arrivée à vos fins. Vous ne vous rendez même pas compte que vous avez brisé les carrières de femmes suisses dont c’eut été la vocation d’être enseignantes, mais qui ont renoncé avec tristesse, parce que musulmanes pratiquantes.


Présidente de la commission contre le racisme, il reste entre nous un épisode que j’inaugure, histoire de vous démasquer complètement : Comment se fait-il que jamais vous n’ayez élevé la voix pour condamner les exactions commises contre les Palestiniens depuis des années, et contre le racisme affirmé de certains colons ? Montrez-nous que votre allégeance aux valeurs de notre république dépasse des considérations tribales, et que vous estimez que le racisme doit être condamné à Jérusalem autant qu'à Berne. Relevez le caractère inadmissible des expropriations continuelles justifiées fallacieusement par le fait d’être d’ascendance juive. Dites clairement que l’usage du phosphore blanc par Tsahal contre des civils, contraire aux Conventions de Genève, est inacceptable.


Jamais nous n’avons entendu votre voix en la matière. Pourquoi ?

Les années ont passé, Chère Madame. Au vu de vos déclarations, elles ne vous ont rendue ni plus sage, ni plus humaine.

Et contrairement à vous, je n’ai pas sur la conscience – devant Dieu Tout-Puissant – d’avoir un jour contraint un juif à enlever sa kippa.
 
 
Hani Ramadan,
Citoyen de Genève et musulman suisse

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