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Davos : beaux discours

Le Word Economic Forum de Davos a été embelli cette année par des propos chargés de bonnes intentions. Donald Trump qui vient nous dire que la « Suisse est un pays formidable » (merci beaucoup), et Emmanuel Macron qui explique, dans un discours plus élaboré, il est vrai, que son projet politique est à la fois libéral et social. Klaus Schwab qui renchérit en affirmant : « Nous devons être sensibles aux voix d’un monde fracturé. Le développement économique durable ne peut être possible qu’avec l’inclusion sociale ».

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Un humaniste à l'écoute de la misère du monde?

 


Cet équilibre souhaité a d’ailleurs été l’un des grands arguments de campagne électorale de Macron : en insistant sur l’idée qu’il ne faut pas perdre l’égalité pour la liberté, ni la liberté pour l’égalité, mais dans un élan social et fraternel, encourager plutôt la marche de la France vers une société plus juste et plus solidaire.
Le problème, c’est que Donald Trump et Emmanuel Macron, quel que soit le contraste qu’offrent leurs prestations à Davos, ont ceci en commun : ils sont tous les deux issus des milieux de la finance. Tous deux nourrissent l’idée qu’en libéralisant davantage le secteur privé  (c’est-à-dire en offrant plus de suprématie aux riches), les classes défavorisées en retireront un bénéfice par la relance souhaitée de l’économie. Or, cette perspective n’a contribué dans le passé qu’à une seule chose : rendre les riches de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Les uns se nourrissent d’un capital qui grossit indéfiniment, les autres travaillent pour payer des factures de plus en plus lourdes, surtout dans le domaine des assurances, dont les recettes juteuses profitent aussi aux plus nantis…
Quels que soient les discours, Davos ne peut cacher une triste réalité : partout, l’économie surpasse et domine la politique, et les élites financières prennent un pouvoir de plus en plus conséquent. Elles proposent ou soutiennent comme candidats à la plus haute magistrature des hommes d’affaires, ou des experts dans le domaine bancaire. Peut-on d’ailleurs faire confiance à ces maîtres et ces patrons argentés – présidents, dictateurs, oligarques…. –, quand on sait ce que peut représenter la tentation du pouvoir ?
 

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Le bal des maîtres de la finance

Les affaires sont les affaires !


Deux exemples et indices qui montrent à coup sûr que l’humanité est en train de perdre son âme dans l’ensemble de ce processus :
En Egypte, Al-Sissi gouverne d’une main de fer son pays après son coup d’Etat. Il menace et maintient en détention ceux qui se présentent comme candidat aux prochaines élections, montrant quelle est la nature de son régime, lequel restera cependant un partenaire de choix pour Donald Trump, aussi bien que pour Emmanuel Macron. Les affaires sont les affaires. Peu importe le respect de la volonté populaire! 
Et la Syrie. Un drame depuis sept ans. Ecrasé par Assad, un peuple de millions de femmes et d’hommes a été sacrifié, comme si sa révolution contre une dictature était vaine, en regard d’impératifs géostratégiques et économiques qui conduisent la communauté internationale à fermer les yeux devant les atrocités commises. Peu importe les droits de l’homme !
Les Etats-Unis, la France, et bien d’autres pays se sont signalés, en ce qui concerne ces deux dossiers, par une passivité affligeante, qui contredit lourdement les prétentions humanistes évoquées dans les hauteurs helvétiques.  Tant il est vrai que la logique du WEF ne sera jamais celle du partage et de l’équité entre les peuples, mais bien celle de l’intérêt et de l’investissement.
 
Hani Ramadan

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