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Le Hamas, entre terrorisme et résistance

Il semble que depuis le 7 octobre 2023, les journalistes et la plupart des représentants des États occidentaux n’aient guère d’autre choix que de criminaliser le Hamas.

Cela n’a pas toujours été le cas. Il y a près de 20 ans, une grande partie de la communauté internationale dénonçait le meurtre du leader palestinien Ahmed Yassine, assassiné le 22 mars 2004. Kofi Annan, Jack Straw, Javier Solana, Joschka Fischer, Dominique de Villepin, Jan Petersen, Hanan Ashwari et bien d’autres exprimèrent publiquement la condamnation de cet acte contre celui qui avait fondé le Hamas («Leaders condemn Yassin killing», 23 mars 2004, CNN).

Cheikh Yassine, fondateur du Hamas, lors d’un meeting dans le camp de réfugiés de Jabalia, à Gaza, le 14 février 2003. © MOHAMMED SABER / AFP

Cheikh Yassine, fondateur du Hamas, lors d’un meeting dans le camp de réfugiés de Jabalia, à Gaza, le 14 février 2003, une année avant son assassinat.

Cet homme et le Hamas veulent-ils l’extermination des juifs, comme d’aucuns le prétendent? Ou bien résistent-ils à un agresseur qui depuis 75 ans – et bien avant le 7 octobre dernier – tue, terrorise et chasse de leurs terres les Palestiniens?

Ahmed Yassine a eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet lors d’une interview. Le 30 octobre 1997, le «Courrier international» publiait un article intitulé: «La surprenante modération du fondateur du Hamas». Il y affirmait: «Nous pouvons vivre avec les juifs (…) Ils pratiquent leur religion. Nous ne portons pas atteinte aux pratiquants.» Et d’expliquer clairement que s’il était agressé par des musulmans ou même des proches qui viendraient lui voler sa terre, il serait dans l’obligation de combattre!

La Charte du Hamas

En ce qui concerne la Charte du Hamas, qui préconise la libération de l’ensemble des territoires occupés, et qui refuse de reconnaître l’État d’Israël, elle repose sur un constat historique: depuis 1917, le sionisme n’a été qu’un mouvement de colonisation qui n’a jamais cessé de s’étendre. En 2017, le Hamas a accepté une trêve de longue durée en se tenant à la partition de 1967, mais c’est le gouvernement israélien qui a refusé d’entrer en matière: les colonies de peuplement ayant largement dépassé les frontières de l’«État palestinien» que la Charte du Likoud ne reconnaît d’ailleurs pas. On peut y lire: «Le gouvernement israélien rejette fermement la création d’un État arabo-palestinien à l’ouest du Jourdain.»Et plus loin: «Jérusalem est la capitale éternelle et indivisible de l’État d’Israël et seulement de l’État d’Israël. Le gouvernement rejettera fermement toute proposition palestinienne envisageant la division de Jérusalem.»

L’historien israélien Ilan Pappé, qui refuse de considérer le Hamas comme une organisation terroriste, a montré que le dernier groupe de Palestiniens qui a été poussé dans la bande de Gaza venait de «11 villages détruits par Tsahal, sur les ruines desquels Israël a construit les colonies attaquées le 7 octobre 2023.»

Libre à chacun de diaboliser la résistance palestinienne, de l’assimiler à de l’antisémitisme, de reprendre la propagande de guerre d’une armée dont le gouvernement d’extrême droite sera bientôt invité à rendre des comptes devant les Cours de justice internationales.En revanche, les tueries de femmes et d’enfants, la destruction d’hôpitaux, d’habitations, de mosquées et d’églises, la famine, la soif et les opérations sans anesthésie, etc., tout ce cortège d’atrocités est parfaitement visible. 

 

Hani RAMADAN

Directeur du Centre Islamique de Genève

Tribune de Genève - L'invité, 7 mars 2024

 

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