Les sens de la fraternité en Islam
Audio (7’) :
En français : http://www.cige.org/Sermons/SensDeLaFraterniteEnIslam_f.mp3
En arabe : http://www.cige.org/Sermons/SensDeLaFraterniteEnIslam_a.mp3
Louange à Dieu, Maître des univers.
Nous témoignons qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad (Dieu lui accorde bénédiction et paix) est le Messager de Dieu.
L’Islam est la religion de la fraternité, de l’amour et de la tendresse entre les hommes. Ce mot fraternité a en Islam des significations qui ne sont pas toutes d’égale valeur :
Il y a d’abord le lien le plus fort qui puisse exister entre deux frères : c’est celui qui repose sur la foi. Dieu dit ainsi dans le Coran : « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Dieu, peut-être vous serait-il fait miséricorde.» (Coran, 49, 10)
La particule innamâ en arabe indique une forme de restriction, comme dans le hadith bien connu ou notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) déclare : « Les actes ne valent que par les intentions (innama -l-a‘mâlu bi -n-niyyât) », c’est-à-dire : aucune action ne peut être valorisée sans la volonté d’agir sincèrement pour Dieu. Lorsque Dieu dit dans le Coran : « Les croyants ne sont que des frères (innama -l-mu’minûna ikhwa) », Il signifie donc que la foi d’un homme ne peut être complète sans la fraternité. Le confirme la parole du Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, vous n’entrerez pas au Paradis jusqu’à ce que vous croyiez, et vous ne croirez pas jusqu’à ce que vous vous entraimiez. Vous indiquerais-je une chose qui, si vous l’accomplissez, entraînera votre amour mutuel ?
– Répandez entre vous le salut (as-salâm : la paix). » (Muslim)
Il y a ensuite un autre niveau de fraternité : ainsi peut être qualifié, selon le Coran lui-même, le lien qui t’unit au peuple au milieu duquel tu vis, les gens de ton pays ou de ta patrie. Et cela, même s’ils ne partagent pas ta foi et s’ils ne croient pas en un Dieu Unique ou au Jour dernier. À titre d’exemple, le Coran dit: « Et aux ‘Âd, (Nous avons envoyé) leur frère Hûd. » (Coran,7, 65 et 11,50) Or, Hûd était un Prophète monothéiste, et les ‘Âd ont rejeté son message. Pourtant, l’expression coranique relève qu’il était leur frère, faisant partie de leur tribu !
Il y a encore un autre sens à la fraternité, sens qui nous renvoie d’un côté à une notion de proximité, et de l’autre à une signification beaucoup plus vaste qui englobe l’ensemble de l’humanité. Il s’agit de la relation fraternelle de parenté. Elle s’applique à notre frère de sang qui nous est très proche, mais elle s’étend également au reste de l’humanité, car nous sommes tous issus d’Adam, et Adam a été créé de terre. Dieu dit ainsi dans le Coran : « Ô gens, Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons désignés en peuples et tribus afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux des vôtres. Dieu sait et connaît parfaitement toute chose. » (Coran, 49, 13)
C’est ainsi que l’Islam nous a recommandé de tisser les meilleurs liens de fraternité avec l’ensemble des hommes, tant qu’ils se comportent en hommes, et tant qu’ils ne nous agressent pas ou ne nous livrent pas de guerres.
Pour ce qui est de la fraternité qui repose sur la foi, elle-même comporte des degrés :
-Le premier degré est d’avoir un cœur sain, qui n’est habité par aucun mauvais sentiment vis-à-vis de notre frère, comme la haine, la rancœur, la jalousie et le fait de penser du mal de lui.
-Le second degré est d’aimer pour son frère ce que l’on aime pour soi-même, comme l’a dit notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) : « Aucun de vous n’est parfaitement croyant, jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » (Al-Bukhârî, Muslim)
-Le troisième degré revient à préférer son frère à soi-même. Si tu possèdes par exemple une chose dont tu as besoin et dont il a besoin, tu fais passer ton frère avant toi-même, et tu la lui donnes au nom de cette fraternité. C’est un degré que le Coran a distingué en décrivant notamment les Ansâr, les Médinois qui avaient reçu chez eux les émigrés (les muhâjirûn) qui venaient de La Mecque, en disant qu’ils « leur donnent la préférence sur eux-mêmes, même s’ils sont dans le besoin. » (Coran, 59, 9)
Mes chers frères et sœurs en Islam,
Prenons le temps de méditer la grandeur de ces enseignements, et interrogeons-nous : avons-nous réalisé quelque chose de ce que cela représente ? Nous connaissons tous ce hadith : « Aucun de vous n’est parfaitement croyant, jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » Mais qui donc met vraiment ces enseignements en pratique aujourd’hui, et où sont les cœurs qui sont assez grands pour recevoir et appliquer une conception aussi noble des relations humaines?
Le Prophète Muhammad (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Gardez-vous de conjecturer ! La conjecture est le plus mensonger des discours ! Ne tentez pas de déceler (les défauts des autres), ne vous espionnez pas, ne rivalisez pas entre vous, ne vous enviez pas les uns les autres, ne nourrissez pas de haine entre vous et ne vous tournez pas le dos. Soyez des serviteurs de Dieu et des frères comme Dieu vous l’a ordonné. Le musulman est le frère du musulman, il ne l’opprime pas, il ne l’abandonne pas et ne le méprise pas. La piété (en désignant sa poitrine) est ici, la piété est ici. Le fait même qu’un musulman méprise son frère est déjà un mal considérable. Tout musulman est pour le musulman sacré : sa vie, son honneur et son bien. Dieu certes ne regarde ni vos corps, ni vos apparences, mais Il regarde vos cœurs et vos actions. » (Muslim)
Nous demandons à Dieu de purifier et de guider nos cœurs, et de renforcer nos liens de fraternité. Allâhumma âmîn !