Je livre au lecteur de ce blog la texte qui a été publié le 30 octobre 2008 dans la Tribune de Genève, à la page Opinions.
Depuis le début de cette crise, on a pu constater chez les observateurs internationaux une tendance à relever les bienfaits de la finance islamique.
Dans la revue Challenges (No 135, septembre 2008), Vincent Beaufils n’hésite pas à déclarer : “ Si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n’en serions pas là. Il ne faut pourtant pas voir la finance islamique comme un exercice de troc moyenâgeux, car les pays du Golfe nous ont montré combien leur mentalité entrepreneuriale savait épouser le XXI e siècle. Simplement, leurs banquiers ne transigent pas sur un principe sacré : l’argent ne doit pas produire de l’argent. La traduction de cet engagement est simple : tout crédit doit avoir en face un actif bien identifié (….). Si les banques du Golf sont sorties indemnes de la crise du subprime, c’est qu’elles n’y sont pas entrées. ” Et l’auteur de ces lignes de renchérir en soulignant qu’en appliquant l’éthique musulmane, le surendettement des personnes physiques est de facto écarté.
Jean- Noël Cuénod, dans la Tribune de Genève du 2 octobre 2008, abonde dans le même sens, lorsqu’il suggère que la crise financière est avant tout une crise de foi. Il note : “ Les confessions issues d’Abraham se sont tout particulièrement attachées à encadrer la puissance financière. “ Croyants ! Ne pratiquez pas l’usure, doublant ainsi vos profits ”, ordonne le Coran (3 ; 130). Sur ce sage précepte, les banques musulmanes ont édifié un système de prêts et de financement original. ” Et de conclure que la reconstruction de la finance internationale devrait nécessairement passer par une réactivation de la morale, qui elle-même se fonde sur la transcendance.
Toute la presse et les médias témoignent du drame que vivent les victimes d’un système bancaire impitoyable. Ceux à qui l’on a annoncé qu’ils ont tout perdu, et les 700 000 foyers qui, Outre-Atlantique, se sont retrouvés à la rue. Cette crise mondiale révèle que le système capitaliste, lorsqu’il s’écarte de l’économie réelle, finit par tomber dans le piège de la finance virtuelle.
Or, que dit l’islam en ses sources ?
Premier principe : on ne peut vendre un produit inexistant ou dont la description n’est pas donnée avec précision, le Prophète Muhammad ayant interdit la vente dite à risque.
Deuxième principe : seul le bien acquis peut être vendu, le Prophète ayant dit : “ Ne vends pas ce que tu ne possèdes pas ”. Toute ambiguïté préjudiciable à la réalisation équitable des marchés est ainsi écartée.
Troisième principe : on ne peut vendre une dette par une dette, ce qui équivaut à céder “ rien pour rien ”. Retenons un exemple original donné par les juristes : Quelqu’un vous doit un mouton à échéance déterminée. Le moment venu, il est incapable de s’acquitter de son obligation. Il vous dit alors : Vendez-moi ce mouton pour telle somme à crédit. Un tel marché est illégal.
Quatrième principe : l’usure est dénoncée comme étant une pratique immorale. La vente à intérêt, à l’origine d’endettements exorbitants, est bannie en islam.
Toute personne qui analyse objectivement ces principes sera convaincue de l’originalité et de l’actualité de la charia. C’est pourquoi, il faut le dire et le répéter sans détour : l’humanité gagnerait à mettre en pratique les principes de la Loi révélée. Sans elle, même dans la grande Amérique, même dans l’Europe des Lumières, l’homme devient un loup pour l’homme.