Dieu dit dans le Coran : « Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Et ton Seigneur est le plus Noble. Qui a enseigné par la plume, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Coran, 96, 1-5)
Les musulmans des premières générations ont parfaitement compris que le Coran et la Sunna les encourageaient à l’acquisition du savoir, et ils ont tiré le meilleur bénéfice des sciences, aussi bien religieuses que profanes. Les mosquées furent les premiers hauts lieux d’où le savoir se répandit dans sa diversité, puis les activités s’élargissant dans ce domaine, les musulmans édifièrent des établissements : écoles, universités islamiques, et cela particulièrement en Andalousie. Il est bon de souligner que la Renaissance européenne fut tributaire des œuvres et des découvertes réalisées par les musulmans. On peut donner à titre d’exemple et de manière non exhaustive dans le domaine de la médecine, le livre Al-Qanûn d’Ibn Sînâ, Avicenne ; et le livre de Abû Bakr Muhammad Ibn Zakariyyâ ar-Râzî, Rhazes, auteur notamment de l’encyclopédie médicale du Liber Continens (al-Hâwî). Ces deux ouvrages restèrent les références médicales de base dans les universités européennes jusqu’au XVIe siècle. Le premier fut traduit au XIIe siècle, et le second fut traduit au XIIIe siècle.
Ibn Al-Haytham composa ses œuvres dans le domaine des sciences naturelles. Jâbir Ibn Hayyân écrivit dans le domaine de la chimie, Al- Bîrûnî dans celui des mathématiques, Al-Khâzin dans celui de la mécanique, Ibn Al-Baytâr composa une œuvre considérable en pharmacopée, Dâwûd Al-Intâkî dans la médecine préventive, Ibn An-Nafîs dans la médecine : il fut le premier savant ayant exposé le mécanisme de la circulation du sang.
Il est bon de rappeler également qu’à l’époque de l’Omeyyade ‘Abd-Ar-Rahmân III, Cordoue, la capitale de l’Andalousie, était illuminée la nuit et les passants étaient éclairés par ses flambeaux sur une distance de plusieurs kilomètres. Cordoue était habitée par un million d’âmes, alors que la plus grande ville en Europe, à cette époque, ne regroupait pas plus de 25 mille habitants. Elle comprenait 283 000 maisons, 600 mosquées et 50 hôpitaux. . Il s’y trouvait 170 femmes sachant écrire le Coran en caractères coufiques.
Le savoir demandé, c’est premièrement ce que nous apportent la Révélation coranique et la Sunna du Prophète (000). Le savoir qui relève de la foi : la croyance en Dieu – Exalté soit-Il –, en Ses Anges, Ses Livres, Ses Messagers, la croyance au Jour dernier – et ce qu’il comportera de récompense et de châtiment –, et la croyance en le destin – et en ce qu’il comprend de bien et de mal.
Le savoir qui relève des œuvres cultuelles : la prière, la zakât : l’aumône légale purificatrice, le jeûne, le pèlerinage, ainsi que d’autres domaines. Le savoir qui relève des actions sociales, al-mu‘âmalât : ce qui relève de la famille, ou de la gestion des biens et de la vente, et ce qui relève de l’exercice du pouvoir, de l’application de la justice et du droit musulman. Les devoirs de la communauté musulmane et la nature de ses relations avec les autres communautés. La connaissance de la morale islamique. Tous ces domaines sont regroupés communément sous l’appellation : sciences religieuses. Ces sciences religieuses, nous n’avons absolument pas besoin de les importer et de les prendre d’autrui : nous les tirons au contraire directement du Livre et de la Sunna.
Le savoir demandé, c’est deuxièmement les sciences dites profanes : la médecine, l’ingénierie, toutes découvertes en sciences naturelles révélant les secrets de l’univers. Notre devoir est d’en acquérir la meilleure part, et de nous mettre à l’école de ceux qui nous ont devancés. La sagesse est le bien que recherche le croyant : où qu’il la trouve, elle lui revient en priorité.
La récompense obtenue par celui qui travaille dans un laboratoire est identique à la récompense obtenue par celui qui enseigne la loi islamique. Cela, lorsque l’intention est sincère et lorsque la communauté a besoin de ces connaissances.
De plus, les savants musulmans sont unanimes à considérer que le savoir exigé est de deux sortes.
Premièrement, le savoir qui est une obligation individuelle – fard ‘ayn –, qui incombe à tout individu responsable. Nul n’est excusé à ce niveau : le musulman doit connaître ce qui lui est nécessaire pour accomplir ses devoirs religieux, pour voir ses œuvres acceptées par Dieu, et pour se comporter avec droiture au niveau social, selon les enseignements de l’Islam. Entrent dans cette perspective les sciences religieuses comprenant la foi, le culte, les règles sociales et communautaires de jurisprudence relatives aux actions réalisées par le croyant. Les savants ont dit en ce sens : celui qui accomplit une tâche, il lui incombe d’en connaître le fonctionnement et les règles, afin de se préserver de ce qui est illicite.
Deuxièmement, le savoir qui est une obligation pour l’ensemble de la communauté, sans considérer un individu en particulier, appelé fard kifâya : lorsqu’un ou plusieurs individus répondent à cette obligation, le reste de la communauté s’en trouve exempté. Mais si aucune personne ne remplit ce devoir, c’est alors l’ensemble de la communauté qui est dans l’erreur. Comme par exemple la prière funèbre, ou l’établissement d’une court de justice, ou l’édification des lieux d’instruction et de savoir. Ce savoir peut relever également des sciences profanes, comme les différents types d’artisanats et les connaissances naturelles dont la communauté à besoin. Ibn Hazm est allé même jusqu’à considérer que les habitants d’une ville ou d’un village dans lesquels ne se trouve pas un expert tisserand sont tous pareillement des pécheurs. Cela doit bien entendu être remis dans le contexte de son époque, l’artisanat industriel ayant complètement modifié cette situation.
Il est utile d’observer que l’Islam a par ailleurs encouragé l’apprentissage de différentes formes d’artisanats. Le Messager de Dieu a dit : « Dieu aime certes, lorsque l’un d’entre vous entreprend un travail, qu’il le fasse à la perfection. » (Al-Bayhaqî). Et le Messager de Dieu a dit encore : « Dieu aime certes le croyant qui exerce un métier. » Le Prophète a dit aussi : « Le bien le plus noblement acquis est celui que l’homme acquiert (du travail) de sa main. » (Ahmad).
En résumé, il existe donc deux sortes de savoir : le religieux et le profane. Il existe ensuite deux types d’obligations : celle qui incombe à chacun d’entre nous individuellement, et celle qui incombe à un ou quelques membres de la communauté, de telle sorte que le reste s’en trouve exempté.
Qu’il se spécialise dans les sciences religieuses, ou les sciences profanes, ou l’apprentissage d’un métier, chaque musulman doit donc prendre conscience de ses responsabilités et s’engager résolument sur le chemin de la connaissance.
Nous demandons à Dieu qu’Il guide et oriente nos cœurs. Allâhumma âmîn !