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L’implacable politique de l’Etat hébreu

 

De passage à Genève cet été, Einat Wilf, députée travailliste israélienne, a donné une interview à la Tribune de Genève (21 juillet 2010). Aux questions pertinentes posées par Andrés Allemand, des explications pour le moins surprenantes ont ponctué un discours qui révèle une dureté sans faille.

Lorsque l’on évoque ainsi Gaza et la prochaine flottille où il y aura des Suisses, la députée écarte la dimension humanitaire de cette action pour évoquer le Hamas opposé à l’existence d’Israël. C’est oublier que malgré le contenu de sa charte, le Hamas a proposé à plusieurs reprises de considérer les frontières de 1967 et le partage de Jérusalem. C’est l’Etat hébreu qui a choisi d’ignorer les résolutions de la communauté internationale, s’estimant aujourd’hui en position de force,

Einat Wilf a beau être une députée travailliste qui prétend réfuter la colonisation, il reste que le Likoud, parti actuellement au pouvoir, exclut la formation d’un Etat palestinien. Dans la section « Paix et Sécurité » du programme du Likoud, document édité en 1999, on peut lire :

« Le gouvernement israélien rejette fermement la création d’un État arabo-palestinien à l’ouest du Jourdain. Les Palestiniens peuvent vivre librement dans un contexte d’autonomie, mais pas en tant qu’Etat indépendant et souverain. Ainsi, par exemple, dans le cadre des affaires étrangères, des questions de sécurité, d’immigration et d’écologie, leurs activités doivent être limitées par les impératifs liés à l’existence d’Israël, à sa sécurité et aux besoins de la nation. »

Et lorsque la députée est interrogée sur Jérusalem, qui est un enjeu aussi crucial pour les Palestiniens que pour les Israéliens, elle s’en tire en affirmant : « Il y a toujours quelque chose qui manque ! La question n’est pas de savoir si cela est juste ou non. Aucun des deux camps ne veut faire de concessions. »

Lisez attentivement cette dernière réponse. Elle révèle d’abord que la députée a conscience de se trouver devant une impasse due à l’intransigeance de son pays. Elle sait parfaitement par ailleurs que les Palestiniens subissent une injustice. Mais dit-elle un instant que Jérusalem-Est devra être restituée ? Prend-elle ses distances avec le Likoud qui affirme : « Jérusalem est la capitale éternelle et indivisible de l’État d’Israël et seulement de l’État d’Israël. Le gouvernement rejettera fermement tout proposition palestinienne envisageant la division de Jérusalem, en particulier le projet présenté à la Knesset par des factions arabes et soutenu par de nombreux membres du Parti Travailliste et du Meretz. » ( « Paix et Sécurité », Likoud, 1999)

Einat Wilf évoque enfin le prisonnier Gilad Shalit. Mais que dire du sort réservé à plus de 2000 prisonniers palestiniens, dont certains sont soumis à un isolement complet dans des prisons de 4 mètres carrés, et n’ont droit qu’à une sortie limitée toutes les 24 heures ?

C’est la dureté qui caractérise le mieux le régime sioniste, quelles que soient ses composantes : mépris de la dignité d’un peuple et de la détresse des enfants de Gaza, volonté agressive et militaire s’exprimant contre des civils, rejet d’une solution équitable qui supposerait sans détour l’arrêt définitif de la colonisation en Palestine, et surtout à Jérusalem-Est !

 

 

 

Hani Ramadan

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