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Roland Campiche: «Je suis favorable à la reconnaissance de l’islam»
Magazine Migros
Quelles solutions pour que les tensions s'apaisent vis-à-vis de l'islam?
Roland Campiche : "Je suis favorable à la reconnaissance de l'islam dans les cantons où c'est possible. Prenons l'exemple des Témoins de Jéhovah. L'une des caractéristiques de ce mouvement est d'être très hostile à l'Etat. Etant donné leur position, ils ont été très souvent persécutés. Deux pays d'Europe les ont reconnus: l'Italie et la Suède. L'expérience montre que le fait d'avoir été reconnus permet une convivialité plus facile. Car ils ne sont plus stigmatisés, on s'en méfie moins. Mais ils doivent aussi obéir aux directives de transparence. S'ils reçoivent de l'argent de l'Etat, ils doivent montrer leurs comptes, etc."
Vous imaginez qu'en reconnaissant l'islam, les musulmans de Suisse s'ouvrent davantage à nos valeurs?
"Absolument. Quand on reconnaît l'autre dans ce qu'il est et ce qu'il apporte, beaucoup de choses peuvent changer dans une relation. Quand on le refuse, cela provoque de l'indifférence voire le conflit. La Constitution du canton de Vaud permettrait de reconnaître l'islam. En Suisse, certains cantons reconnaissent seulement le catholicisme et le protestantisme, d'autres le judaïsme également. La Suisse est un Etat non confessionnel. Elle a laissé le soin aux cantons de régler ces questions-là. Cette solution a permis de régler passablement de problèmes entre catholiques et protestants. "
Bio express
Roland J. Campiche est né à La Tour-de-Peilz (VD) en 1937. Marié et père de trois enfants, il a enseigné la sociologie de la religion à l'Université de Lausanne. En 1999, il a fondé l'Observatoire des religions en Suisse. Il a présidé la Société internationale de sociologie des religions. De 1971 à 2001, il a dirigé le Bureau romand de l'Institut d'éthique sociale de la Fédération des Eglises protestantes.