En toute bonne logique, l’occupation de Jérusalem-Est ne devrait connaître qu’une seule réponse de la part de la communauté internationale – si celle-ci respectait les droits humains les plus élémentaires – : la rupture de toutes les relations diplomatiques avec l’Etat hébreu et un embargo illimité, sans aucune concession, jusqu’à la restitution des territoires occupés définis selon le partage de 1967. Après les crimes infligés aux civils de Gaza, est-ce vraiment trop demander ?
Comment expliquer une telle démission des démocraties et du monde prétendu libre, si ce n’est par le pouvoir de l’argent et le travail inlassable des lobbies sionistes, qui sévissent dans les gouvernements, les médias, la presse, les milieux académiques et culturels, et même dans les sphères de l’ONU muselée par le veto étatsunien ?
L’absence de réaction devant ce vol des territoires palestiniens est simplement scandaleuse et immonde, et elle révèle une complicité qui traduit dans les faits la promesse électoraliste du président américain : une Jérusalem indivisible, capitale juive.
L'ONG israélienne anti-colonisation La Paix Maintenant a indiqué que la commission de planification du ministère de l'Intérieur israélien a approuvé la construction de1300 logements, situés en majorité dans le quartier de colonisation juive de Har Homa, où résident plus de 7000 habitants, près de la ville palestinienne de Bethléem. «C'est une grosse provocation à un moment très sensible dans le processus de négociation», a déploré une porte-parole de La Paix Maintenant, Hagit Ofran, ajoutant: «Il semble que ce soit une tentative délibérée de Netanyahou de torpiller les négociations de paix». Ces propos montrent clairement que l’Etat sioniste est le premier responsable des tensions qui vont grandir une nouvelle fois. Hagit Ofran a bien compris que le vol de Jérusalem-Est signifie la confrontation, et qu’Israël s’engage dans une impasse, malgré une arrogance affichée.
Quand donc finira-t-on par le dire sans crainte et sans détour : les dirigeants israéliens ne veulent pas la paix, parce que la paix signifierait la fin de l’expansion et la reconnaissance de frontières.
Où sont les journalistes libres qui devraient refuser la résignation consensuelle et hurler au scandale ? Où sont les militants des droits de l’homme qui devraient harceler les coupables ? Où sont les juges de La Haye qui devraient poursuivre les criminels ?
Rien. Quelques mots de vague protestation. Et les gesticulations de Netanyahou qui poursuit son numéro de prestidigitation nauséabonde, maître du monde des nantis et triste artisan d’un désastre futur.
Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que celui d’une résistance légitime. Ils sont courageux et irréductibles. Accuser de terrorisme les mouvements islamiques qui veulent libérer les territoires occupés est une infamie de plus, et une inversion des valeurs à la mesure des impostures de l’Occident, qui n’a rien fait, qui ne fait rien, et qui ne fera rien concrètement pour arrêter les colons. Il serait grand temps de le comprendre enfin !
Hani Ramadan
Extrait de cet article dans La lettre du Jour, Une provocation de plus,
Tribune de Genève du 30 novembre 2010