Un homme se préoccupait de voir les gens l’encenser et le louer. Il rencontra le Messager de Dieu et lui dit : « Ô Messager de Dieu ! Il m’arrive d’entreprendre une belle action, recherchant en cela le Visage de Dieu, et désirant acquérir ainsi une certaine notoriété parmi les hommes. »
Le Prophète ne lui répondit pas. Alors la parole de Dieu – Exalté soit-Il – fut révélée : « Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il agisse en faisant le bien, et qu’il n’associe personne dans l’adoration de son Seigneur. » (Coran, 18, 119)
Cet événement nous permet de définir la condition essentielle pour qu’une action soit acceptée de Dieu, Exalté soit-Il. Cet homme s’est retrouvé dans une situation que beaucoup d’entre nous vivent en réalité : ce qui les pousse à bien faire, c’est la recherche de la notoriété, la célébrité, ou la volonté de s’attirer la sympathie de tous.
Or, l’Islam est particulièrement attentif aux intentions qui sous-tendent nos actions, et aux sentiments qui s’y mêlent. Une action n’est acceptée de Dieu que si elle est débarrassée de la part qui revient à notre ego, et que si elle est entreprise dans le seul but de rechercher l’agrément divin. C’est une vérité qui est mise nettement en évidence dans les versets du Noble Coran, comme cela ressort de cet événement. D’autres passages vont dans le même sens. Dieu dit, relatant la parole des hommes de bien : « C’est pour le visage de Dieu que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense, ni gratitude. » (Coran, 76,9) Et Il dit encore, décrivant l’homme sincère : « Celui qui donne ses biens pour se purifier, et auprès de qui personne ne profite d’un bienfait intéressé, mais seulement pour la recherche du Visage de son Seigneur le Plus-Haut ! Et certes, il sera bientôt satisfait. » (Coran, 92, 18-21)
Afin de corriger l’orientation du cœur et de le tourner exclusivement vers Dieu, le Prophète a dit : « Les actes n’ont de valeur que par les intentions, et à chaque individu reviendra son intention… »
Ainsi, une action mondaine, motivée par l’intention saine d’obtenir l’agrément de Dieu, est élevée au rang d’un acte d’adoration et d’obéissance à Dieu.
Un autre enseignement de l’Islam, c’est que nos actes ne sont pas acceptés s’ils contredisent dans la forme le Coran et l’exemple du Prophète. Pour qu’une œuvre soit acceptée, elle doit remplir deux conditions : elle doit être sincèrement entreprise en vue de Dieu, et elle doit être conforme à l’orientation donnée dans le Coran et la Sunna.
Cet homme entreprenait des actions de bien, mais il était atteint d’une maladie grave : l’ostentation, la volonté de faire parler de lui, d’être célèbre. Autant d’intentions détournées qui contredisent la sincérité. Ses œuvres ont pour cela été déclarées vaines et sans valeur aucune.
Le Prophète a dit : « Lorsque viendra le Jour de la résurrection, quelqu’un appellera en disant : « Celui qui dans son action a associé à Dieu un autre que Lui, qu’il aille donc chercher sa récompense auprès de cet autre. De tous les associés, Dieu est Celui qui est certes le plus exempt de Se voir associer quiconque ! »
Ibn ‘Atâ’i -Llâh disait : « Les actions sont des images dressées. Leurs âmes, c’est la présence du secret de la sincérité en elles. »
Cette très belle sagesse nous rappelle que les actes n’ont aucune valeur sans la sincérité. Quiconque agit par ostentation, et non pas en vue de Dieu, son acte n’a aucune vie réelle : il est tel un cadavre, quand bien même il comprend des paroles, des mouvements et des gestes. Ou bien on peut le comparer à un récipient sans eau. Or, l’essentiel n’est pas dans la forme du verre ou de la coupe – bien qu’ils soient nécessaires pour contenir cette eau – mais bien plutôt dans le liquide qui exprime la vie de l’âme, qui vibre et reflète la lumière. Le rituel et l’engagement sont nécessaires en Islam, pour donner forme à notre spiritualité. Cependant, à travers ce rituel même et cet engagement, le culte du cœur doit rester notre finalité suprême.
Nous devons donc constamment nous rappeler l’importance de cette intention, de ce secret qui habite l’âme humaine. Pour qui prions-nous ? Pour qui parlons-nous ? Pour qui agissons-nous ? Pour qui sommes-nous ici, écoutant un sermon ? Et ainsi de suite.
Ibn Taymiyya – Dieu lui fasse miséricorde – nous donne l’exemple d’une action qui est nécessairement accompagnée par ce secret. Le Prophète a dit : « Sachez que la meilleure de vos actions est la prière, et que nul ne préserve ses ablutions, sinon un croyant. » « Or, nous dit Ibn Taymiyya, l’état d’ablution est un secret entre l’adorateur et Dieu. Le musulman peut perdre ses ablutions alors que nul ne le sait. Lorsque donc il préserve cet état, il n’agit ainsi que pour Dieu, qu’Il soit Glorifié. Celui qui agit ainsi ne peut être qu’un croyant ! »
Nous demandons à Dieu qu’Il oriente nos cœurs. Allâhumma âmîn !