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L’Egypte et sa révolution

Il faut entendre ce que dit le président Morsi

 

La presse et les médias occidentaux se sont largement fait l’écho des accusations portées par les opposants du gouvernement Morsi.

 Ce dernier serait en passe d’accumuler tous les pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Mohamed ElBaradei, qui s’était retiré de la course électorale, parle d’une nouvelle dictature.

Pourtant, on gagnerait à entendre ce que dit Morsi. Il s’est récemment exprimé à deux reprises sur la première chaîne publique égyptienne, et s’est expliqué clairement.

On remarquera d’abord le ton libre, voire offensif des journalistes interrogeant le premier homme du pays. Chose qui eût été impensable il y a à peine trois ans sous le régime de Moubarak. Ensuite, on relèvera les arguments dont il est difficile de ne pas reconnaître la pertinence :

Morsi soutient l’ensemble des manifestations, y compris celles de ses rivaux. Il demande seulement à tous de respecter les individus et les lieux publics, et d’éviter la violence. Ces revendications sont pour lui le signe que le pays s’engage résolument sur la voie du respect de la volonté populaire.

Le président refuse en outre la désignation des chrétiens coptes comme étant une « minorité ». Cette appellation ne pourrait concerner que des personnes venues de l’extérieur. Or, les Coptes sont chez eux dans la vallée du Nil au même titre que leurs concitoyens musulmans.

A la journaliste qui l’interroge sur le sort et l’inquiétude des femmes, il déclare sans ambiguïté que tous les Egyptiens, quel que soit leur sexe, doivent bénéficier des mêmes droits.

Il n’a par ailleurs aucune intention de limiter l’action des juges, mais au contraire de distinguer nettement les appareils exécutif et judiciaire. Ceux-ci sont  priés en revanche de ne pas entraver la mise en œuvre de la Constitution permettant d’établir dans le pays un véritable Etat de droit. Rappelons que ce sont ces mêmes juges qui ont eu l’audace de dissoudre le Parlement égyptien en juin dernier, alors qu’il venait d’être élu par le peuple. Soulignons qu’une partie de ces magistrats s’est compromise dans des malversations sous l’ancien régime, et qu’il faudra bien qu’ils rendent des comptes. L’action de Morsi signifie que nul n’échappera à la justice, quand la justice sera vraiment indépendante.

Morsi entend respecter le mandat qui lui a été confié, en prenant ses responsabilités. L’alternance sera en tous les cas garantie et le peuple choisira de sanctionner ou de plébisciter son président le moment venu. L’Egypte est un pays riche de potentialités : au niveau de sa culture, du développement, des entreprises, des terres agricoles exploitables. Une vaste réforme doit être à présent engagée, dans le respect des traités avec les pays partenaires.

En écoutant cet homme, qui a passé six mois en prison avec d’autres parlementaires élus sous Moubarak, et qui dit comprendre, pour cette raison, les exigences de ceux qui réclament la liberté, on ne peut qu’être impressionné par sa modestie qui n’est pas feinte, sa détermination qui s’inspire d’un authentique humanisme, et sa vision de l’avenir qui décrète qu’aucun obstacle n’est désormais infranchissable.

Alors, soyons prudents lorsque la coalition des opposants qui n’ont pas encore digéré leur défaite électorale, appelle à de vaines agitations, et entonne le refrain de la menace islamiste.

Le peuple, dans sa grande majorité, soutient son président.

 

Hani Ramadan

L’invité

24 Heures, 7décembre 2012

La Tribune de Genève, 12 décembre 2012

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