Quand le journal Le Temps évite les réponses et censure
Le 4 juillet dernier, j’ai envoyé cet email concernant le coup d’Etat en Egypte à la rédaction du Temps (extrait) :
Le journal Misr 25 qui diffusait en direct, dans la nuit du 2 au 3 juillet, les séquences montrant une mobilisation plus importante que celle de la place Tahrir, a été ignoré par les médias internationaux. L’armée a fini par interdire toute prise de vue aérienne de ces rassemblements gigantesques dans au moins 19 villes. Et depuis le coup d’Etat, Misr 25 ne diffuse plus. Trois de ses journalistes ont été arrêtés. Le journal Le Temps lui-même a utilisé des procédés similaires : présentant le 1er juillet 2013 en première page une vue aérienne de la place Tahrir, et le surlendemain un gros plan inquiétant sur un barbu, avec en profondeur une photo floue du président, image censée illustrer la mobilisation pro-Morsi. Page quatre de la même édition du 3 juillet, c’est à nouveau une photo faisant ressortir quelques personnes qui nous est présentée.
Constatant que Le Temps poursuivait son travail de désinformation par l’image, et n’a pas jugé utile de s’intéresser au sort de ses collègues journalistes en prison – il est vrai qu’il ne faut pas gâcher ses vacances – j’ai envoyé un autre message le 9 juillet.
D’abord à l’ensemble de la rédaction :
Messieurs,
J'observe avec déception que votre journal persiste à présenter des images favorables aux militaires et qui ne traduisent pas la réalité de ce qui se produit sur le terrain.
Voici pourtant :
http://islametengagement.blogspirit.com/archive/2013/07/09/egypte-conspiration-de-la-desinformation-244223.html
Puis plus spécifiquement à François Modoux :
Cher Monsieur
Une seule question : pourquoi Le Temps n'a-t-il jamais publié une seule image aérienne des immenses manifestations pro-Morsi?
Merci de répondre sans détour.
Pourquoi deux poids deux mesures?
Réponse de la rédaction le jour même (extrait) :
Cher Monsieur
À votre question sur les photos, je n’ai en ce moment pas de réponse. J’ai eu pendant huit ans des responsabilités importantes sur la fabrication quotidienne du journal et les choix éditoriaux, mais ce temps est révolu depuis septembre 2012. Je me renseignerai demain à Genève.
FRANÇOIS MODOUX
A partir de là, M. Modoux n’a pas cru utile de fournir une explication. Ni d’ailleurs de donner suite à une nouvelle proposition d’article contre la désinformation.
Lorsque l’on voit aujourd’hui les crimes odieux perpétrés par les putschistes, peut-on se taire devant ce travail évident de désinformation par l’image ?
Mon Dieu NON !
Hani Ramadan