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Scandale : Un ministre égyptien putschiste reçu à Genève

 Madame Micheline Calmy-Rey concernée

Est-il sensé d’inviter un « ministre » désigné par des militaires, alors que les élus sont en prison, et cela à l’occasion de la semaine des droits humains ?

De qui se moquent les organisateurs de cet événement odieux ?

Voici la lettre que Droit pour tous a adressée à Madame Micheline Calmy-Rey, à propos de la tenue déplorable d’une conférence organisée par l’Université de Genève, donnée par Ahmed Hassan El Borai, ministre illégitime nommé par les putschistes.

Mme Micheline Calmy-Rey

 

Institut européen de l’Université de Genève

 

 

Genève, le 3 octobre 2013

 

 

 Madame Micheline Calmy-Rey,

 

 C’est avec une grande déception que nous apprenons votre collaboration à une conférence organisée par l’Université de Genève, aux côtés d’Ahmed Hassan El Borai, illégitime ministre égyptien de la solidarité sociale.

Madame Micheline Calmy-Rey, la situation en Egypte est grave et le quotidien des Egyptiens est dramatique.

Le 25 janvier 2011, le peuple égyptien se révoltait contre le règne, pendant près d’un demi-siècle, d’une dictature militaire marquée par la fraude et la répression. Le 3 juillet 2013, l’armée égyptienne a destitué le président élu Mohamed Morsi, par un coup d’Etat, portant une grave atteinte aux principes démocratiques. Le président Morsi avait été élu le 24 juin 2012, avec plus de 51% des voix et demeure donc le seul représentant légitime du peuple égyptien. L’armée a dissous le gouvernement et a nommé un pseudo gouvernement civil afin d’exécuter ses ordres ; mais elle a également suspendu la constitution votée par un scrutin démocratique, et a dissous le Parlement également élu par scrutin transparent.

La première expérience démocratique a débuté malgré les tentatives répétées de l’ex-régime dictatorial d’entraver cette transition à travers des problèmes économiques et sécuritaires. L’armée égyptienne profita du mouvement de masse du 30 juin 2013 pour prendre le pouvoir, tout en chantant la victoire d’une nouvelle révolution, mettant fin aux plus grands espoirs de justice et de liberté que cette première expérience démocratique promettait aux millions d’Égyptiens.

Le bilan de cette intervention est tragique : plus de 3000 morts, des milliers de blessés et disparus, des arrestations arbitraires et des exécutions massives. L’état d’urgence a été décrété, limitant au minimum l’état de droit et les libertés du peuple. La chasse à l’homme, au nom de la sacro-sainte lutte contre le terrorisme, est en cours dans tout le pays, quotidiennement.

Madame Micheline Calmy-Rey, M. Ahmed Hassan El Borai est un criminel et il sera poursuivi comme tel. Il a participé à cette tuerie en acceptant de la cautionner au lieu de la condamner. Il a ordonné l’évacuation des manifestants pacifiques des places Rabia et Nahda, le 14 août 2013, dans une violence et une horreur sans précédent, les tuant lâchement, les brûlant vifs ou les torturant. Bilan : plus de 900 morts en une journée, rien qu’au Caire. M. Al Baradei, alors vice-président chargé des relations internationales, personnalité très estimée par les Occidentaux, avait décidé de démissionner suite à ce massacre. M. Al Borai a lui décidé de rester.

Madame Micheline Calmy-Rey, accepter de participer à cette conférence aux côtés de cet imposteur porterait gravement atteinte à votre honneur et votre image mais également à l’honneur et à l’image de la Suisse, dont vous avez été la prestigieuse représentante durant des années. La Suisse demeure le berceau des droits humains et son modèle de démocratie reste un idéal pour des millions d’opprimés de par le monde ; et en Egypte, particulièrement, en ces temps incertains. Les Egyptiens, partagés, sont confrontés à un choix déterminant pour l’avenir de leur pays. Recevoir ce personnage reviendrait à cautionner le coup d’Etat et compromettrait le principe de neutralité si cher à nos yeux.

Madame Micheline Calmy-Rey, les principes de la matière que vous enseignez (la gouvernance globale) encouragent une gestion plus démocratique du monde grâce à une coopération entre les États, mais également entre tous les acteurs des relations internationales. Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de soutenir le processus démocratique en Egypte et de reconnaître aux Egyptiens les mêmes droits et libertés que nous souhaitons pour nous. Nous devons tous contribuer à un avenir meilleur, à une paix par le droit.

Votre parcours reste un exemple d’intelligence et de solidarité. Ne serrez pas la main souillée de sang de ce triste personnage. Annulez votre participation à cette conférence.

 


M. Adel MEJRI

 

Vice-président

 

Comité Pour la Démocratie - Droit Pour Tous

 

 

 

 

 

 

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