Tout musulman croit en l’Évangile qui a été donné à Jésus, fils de Marie. Toutefois, les quatre versions retenues officiellement présentent un problème d’authenticité, tout comme l’Ancien Testament. Par ailleurs, nous ne disposons pas des originaux écrits en langue sémitique, ce qui n’est pas le cas du Coran, révélé en langue arabe et intégralement conservé.
De fait, devant les Écritures bibliques, le musulman adopte trois attitudes : il admet ce qui correspond au contenu du Coran et rejette ce qui le contredit. En revanche, il ne confirme ni n’infirme les paroles sur lesquelles le Coran n’a rien dit.
Les deux paraboles suivantes nous offre une réflexion en tout point conforme aux enseignements de l’Islam, sans que nous puissions toutefois soutenir que ce discours est bien entièrement celui que Jésus a dit, mot à mot :
Le semeur
« Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent, et la mangèrent.
Une autre partie tomba dans les endroits pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre : elle leva aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un sol profond ; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines.
Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent, et l’étouffèrent.
Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. » (Matthieu, 13, 4-9)
Plus loin est donné le sens de cette parabole :
« Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie, mais il n’a pas de racine en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.
Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse.
Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend : il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente. » (Matthieu, 13, 19-23)
Cette merveilleuse parabole fait pour nous écho au verset coranique : « Le bon pays, sa végétation pousse avec la grâce de son Seigneur. Quant au mauvais pays, (sa végétation) ne sort qu'insuffisamment et difficilement. » (Coran 7, 58)
Les paroles qui émanent de la bouche des Prophètes – considérés en Islam comme des frères – ont ainsi une même source et une même résonance.
L’ivraie
Jésus leur proposa une autre parabole : «Il en va du Royaume des cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu ; par-dessus, il a semé de l'ivraie en plein milieu du blé et il s'en est allé. Quand l'herbe eut poussé et produit l'épi, alors apparut aussi l'ivraie. Les serviteurs du maître de maison vinrent lui dire : "Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie ?" Il leur dit : "C'est un ennemi qui a fait cela." Les serviteurs lui disent : "Alors, veux-tu que nous allions la ramasser ?" "Non, dit-il, de peur qu'en ramassant l'ivraie vous ne déraciniez le blé avec elle. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier." (Evangile de Matthieu, 13, 24-30)
L’explication de cette parabole indique que « le champ, c'est le monde; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume : l'ivraie, ce sont les fils du malin; l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la moisson, c'est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. De même que l'on ramasse l'ivraie pour la brûler au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. » (Matthieu, 13, 38-40)
Ceux qui se seront avilis en rejetant la foi et en répandant le mal seront conduits en Enfer. Les hommes de foi qui auront fait le bien en récolteront les fruits au Paradis. C’est bien là le sens évident de cette parabole, car les mauvais sujets seront jetés dans « la fournaise ardente, où il y aura alors des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu, 13, 42)
On trouve ainsi, dans ces paroles attribuées à Jésus, une mise en garde et une sévérité qui font écho aux menaces comprises dans le Coran : « Tous ceux qui ne croient pas seront rassemblés vers l'Enfer, afin que Dieu distingue le mauvais du bon, et qu'Il place les mauvais les uns sur les autres, pour en faire un amoncellement qu'Il jettera dans l'Enfer. » (Coran, 8, 36-37)
La conclusion de la parabole du filet et des pécheurs, qui ramassent des poissons de toute espèce, conservent ce qui est bon et jettent ce qui est mauvais, ne laisse aucun doute : « Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura alors des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu, 13, 49-50)
Encore faudrait-il écouter la parole révélée, et la comprendre !
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.