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L’islamophobie est-elle une forme de racisme ?

 21 mars 2014, la salle Gandhi de la Maison des associations, Genève

C’est un auditoire nombreux et attentif qui est venu assisté hier à la soirée organisée par l’Union des organisations musulmanes de Genève (UOMG) autour du thème : L’islamophobie est-elle une forme de racisme ?

L’excellente intervention de M. André Castella  nous a tout de suite plongés dans le vif du sujet. Pour le Délégué au Bureau de l’Intégration des Étrangers, il est utile de rappeler que si les races n’existent pas, le racisme existe bel et bien. Il livre ensuite à l’assistance le document suivant, qui permet d’approcher le sujet sur des fondements juridiques :

 

 

L’islamophobie est-elle une forme de racisme ?

 

« Le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier une agression ou un privilège. »

Albert Memmi

 

Par « discrimination raciale » on entend un traitement inégal, une remarque ou un acte de violence commis dans l’intention de rabaisser une personne sur la base de son apparence physique (“race”) ou de son appartenance à une ethnie, une nationalité ou une religion.

 

         Définition juridique

 

Cst CH Art. 8 Egalité

2 Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique.

 

Cst GE Art. 15 Egalité

2 Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa situation sociale, de son orientation sexuelle, de ses convictions ou d’une déficience.

 

CPS Art. 261bis Discrimination raciale

 

• Celui qui, publiquement, aura incité à la haine ou à la discrimination envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse;

• celui qui, publiquement, aura propagé une idéologie visant à rabaisser ou à dénigrer de façon systématique les membres d’une race, d’une ethnie ou d’une religion;

• celui qui, dans le même dessein, aura organisé ou encouragé des actions de propagande ou y aura pris part;

• celui qui aura publiquement, par la parole, l’écriture, l’image, le geste, par des voies de fait ou de toute autre manière, abaissé ou discriminé d’une façon qui porte atteinte à la dignité humaine une personne ou un groupe de personnes en raison de leur race, de leur appartenance ethnique ou de leur religion ou qui, pour la même raison, niera, minimisera grossièrement ou cherchera à justifier un génocide ou d’autres crimes contre l’humanité;

• celui qui aura refusé à une personne ou à un groupe de personnes, en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse, une prestation destinée à l’usage public, sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire.

 

UOMG-Maison des Associations, vendredi 21 mars 2014

Semaine d’actions contre le racisme 2014

Bureau de l’intégration des étrangers

 

 

Si donc, rappelle judicieusement M. André Castella, on ne peut pas interdire le racisme (le fait de penser selon cette modalité ou d’avoir des convictions racistes), on peut interdire les discriminations lorsqu’elles portent atteinte  à la dignité humaine.

 

Et de souligner le danger : on commence par désigner un groupe et créer ainsi un clivage dans la société, pour finir par limiter injustement ses droits. Cela s’est vu il n’y a pas si longtemps, dans une Europe bien pensante gagnée par le nazisme.

 

De ces observations éclairantes, il ressort sans conteste que l’islamophobie est bien juridiquement une forme de discrimination raciale.

 

Un grand merci donc à M. André Castella pour ses explications.

 

La soirée s’est poursuivie selon le programme (http://www.cige.org/cige/_Media/capture-decran-2014-03-10-a.jpeg):

 

M. Marwam Muhammad, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), a fait un exposé dont la subtilité et la précision ont littéralement capté l’attention de l’assistance, démontrant que l’islamophobie est bien un mal de notre siècle, et rappelant  l’acharnement de certains à ne pas reconnaître la validité de ce terme.

 

« Si tu veux faire taire un homme, confisque-lui ses mots », a-t-il été dit à juste titre.

 

Notons la parution de son livre Foul express, éditions Sentinelles 2014, qu’il a dédicacé au terme de la soirée.

 

Le film Californian Muslims, réalisé par le Dr Hedjoudje Abderrahmane, et que l’on trouve à cette adresse : https://www.facebook.com/californianmuslims est une remarquable contribution qui témoigne d’un vivre-ensemble Outre-Atlantique qui devrait inspirer les musulmans et les conduire à s’engager davantage dans le but de concilier leurs valeurs traditionnelles et les acquis positifs de la modernité.

 

Saluons enfin les brillants et vivants témoignages de Mesdames Sabine Tiguemounine et Nadia Moussaoui, qui nous rappellent que ce sont les femmes pratiquantes qui sont les plus exposées à ce fléau qu’est l’islamophobie.

 

Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cette soirée.

 

Dieu les en récompense.

 

Terminons en livrant à la réflexion de chacun cette citation que donne M. Nabil Ennasri, dans son nouveau livre Les 7 Défis Capitaux (Copy-Media, 2014) :

 

« Car telle est la fonction de L’islamophobie : encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable. C’est cette machine à raffiner le racisme brut, (….) qui tourne à plein régime depuis trente ans, à gauche comme à droite. On ne parle jamais de «bougnoules» à la télévision et dans la presse, et assez peu d’Arabes et de Noirs. Mais on diffuse à flux continu des reportages où se déverse un magma confus de «musulmans», d’ « islamistes » et autres «communautaristes». Rien de raciste, bien sûr! C’est simplement que ces gens-là posent «problème», nous dit-on, car ils menacent la «République», la «laïcité», le «féminisme», le «vivre-ensemble». Ainsi encodé, ce racisme raffiné, produit dans les beaux quartiers, imprimé dans les journaux, mis en scène à la télévision, propagé sur Internet, se dissémine dans toute la société. Laquelle, ainsi habituée à vivre dans un mélange de peur identitaire et d’angoisse sécuritaire, est sommée de traquer les voiles litigieux, de mesurer les poils de barbe et de signaler le moindre «colis suspect». Thomas Delthombe, Tribune signée le 1er novembre 2013.

 

 

Hani Ramadan

 

 

 

 

 

 

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