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Syrie : l’indignation ne suffit plus

 N’en avons-nous pas assez de cette ignoble hypocrisie ?

Après avoir expliqué au monde entier qu’en Syrie, il y a des criminels dans les deux camps, sans avoir clairement souligné que lorsqu’un peuple réclame sa liberté contre un tyran, nous devons nous tenir au côté du peuple, Madame Carla Del Ponte nous expose à présent l’objet de son irritation : des gens qui meurent de faim dans certaines villes en état de siège, chose qu’elle n’avait jamais vue, elle qui croyait « avoir tout connu avec l’ex-Yougoslavie et le Rwanda » (voir Tribune de Genève, 19 mars 2014). 

L’ex-procureure se garde ici de préciser que c’est le régime de Bachar qui a choisi de vouer ainsi à une mort lente et atroce des milliers d’enfants, de femmes et de civils, dont le seul crime est de réclamer depuis trois ans le départ du despote sanguinaire.

« Une saisine de la Cour pénale internationale (CPI), affirme Madame Del Ponte,  n’est pas possible en raison du veto russe au Conseil de sécurité de l’ONU. » Et de proposer un tribunal ad hoc plus proche de la Syrie. On l’en remercie. Mais laissez-moi lui dire que nous en avons assez de cette justice qui vient toujours en retard, quand des massacres qui touchent surtout des innocents sont depuis longtemps prévisibles, et même programmés !

Nous en avons assez de cette ONU complice - par son système inique dû à son droit de veto - des tueries qui se poursuivent, alors que la communauté internationale dispose de moyens autrement plus efficaces pour arrêter les atrocités. Complice en engageant des pourparlers interminables avec des criminels de guerre, quand tant de vies auraient pu être épargnées. A ce titre, nous pouvons rappeler qu’au retour de Genève 2, des opposants syriens, qui s’étaient assis à la table des négociations, ont été inquiétés par le régime en place, leurs proches ayant été arrêtés. Et l’on continue encore à proposer une relance  « du processus de paix », en accordant au dictateur de Damas, prêt à sacrifier  la majorité des Syriens pour conserver le pouvoir, une forme de crédibilité.

A l’heure actuelle, des familles meurent de faim, privées d’eau, de nourriture et d’électricité. Et nous le savons.  Et l’on nous parle encore de « commission s’enquête », de tribunaux qu’il faut mettre sur pied… Quelle misère, tout de même ! Ni nos droits de l’homme, ni nos principes démocratiques ne sont exportables lorsque des enjeux géostratégiques bassement matériels commandent à tous le respect de la fermeté russe sur le dossier syrien !

Lorsque se tient, devant nous, un assassin qui commet, sous nos yeux, des crimes successifs jour après jour à l’arme lourde, on ne le laisse pas faire en attendant l’opportunité de son jugement. 

Voilà précisément quel aura été le rôle de Carla Del Ponte au sein de cette imposture – dont elle n’est certes pas responsable – que l’on appelle l’ONU.

Et son indignation n’y change rien !

 

Hani Ramadan

Tribune de Genève, 29-30 mars 2014

L’invité

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