Les savants authentiques, ceux dont l’âme est profondément liée à Dieu, ceux que l’on appelle les « connaissants » (al-‘ârifûn), avaient pleinement conscience que l’essentiel pour l’être humain est de purifier son cœur de toutes les impuretés et de toutes les formes d’associations (ash-shirkiyyât).
Il savait que le meilleur chemin qui permet de réaliser cette purification consiste à se tenir fermement aux Noms divins. Le hadith dit : « Celui qui les retient (retient les Noms divins) entre au Paradis. »
Or, le Paradis est lumière, et nul n’y entre sinon celui qui dispose d’un cœur sain. Retenir les Noms divins, ce n’est pas seulement les apprendre par cœur sans en comprendre le sens, mais c’est plutôt vivre selon l’exigence que comprend ces Noms, en étant éclairé par leur sens.
Combien avons-nous besoin, mes chers frères et sœurs en Islam, de prendre pleinement conscience que Dieu est notre Seul Garant ! Il est Al-Wakîl : le Gérant, l’Intendant, Celui à qui l’on se confie, Celui qui assure ce dont nous avons besoin et nous protège.
Combien avons-nous besoin de tendre les mains vers Dieu Seul et d’acquérir la certitude que nulle créature ne peut nous venir en aide, sinon selon la volonté de Dieu !
Ce principe, nous le répétons au moins dix-sept fois par jour, en lisant la Fâtiha, première sourate du Coran : « C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que nous implorons secours. » (Coran, verset 5)
Ce qui signifie : C’est de Toi Seul que nous implorons l’aide, car Toi Seul pourvoit à tout ce dont nous avons besoin, et Toi Seul est le Garant Suprême à qui nous pouvons nous confier. Celui qui T’oublie et se tourne vers la créature pour obtenir un bien quelconque ou un quelconque secours est comparable au noyé qui s’accroche au noyé : les deux sont entraînés dans la mort.
Ou encore, il est comparable à un homme qui entre dans un royaume, et à qui l’on dit que le roi qui possède ses terres et tout ce qui s’y trouve est généreux et ne repousse les demandes de personnes, lorsqu’on s’adresse directement à Lui. Or, ce malheureux l’oublie et s’empresse de quémander une aide auprès des domestiques, et se détourne du roi !
Sans comparaison possible entre le Créateur et la créature, il est dit dans le Coran : « « Et votre Seigneur a dit : Invoquez-Moi, Je vous répondrai. » (Coran, 40, 60)
Bien sûr, il est demandé à tout croyant d’être serviable. Le Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a déclaré : « Dieu aide le serviteur tant que le serviteur aide son frère. » (Muslim) Mais il existe plusieurs façons de considérer cette aide :
- Il y a une catégorie de personnes qui estime au premier abord l’homme qui a aidé, et qui l’oublie aussitôt et tourne toute son attention vers le bien ou l’aide qui lui ont été donnés.
- Une autre catégorie remercie le donateur avec sincérité et profite du bien en question.
- Une troisième catégorie remercie le donateur avec sincérité et profite du bien en question, mais considère avec clairvoyance – avec la lumière du cœur – qu’il n’y a en fait qu’un Seul Donateur. Il remercie l’homme qui lui est venu en aide par politesse et pour se conformer à la parole du Prophète (000) qui a dit : « Celui qui ne remercie pas les hommes ne remercie pas Dieu » ; mais au-delà des apparences, il loue son Seigneur pour ce qu’il lui a octroyé, et son cœur ne dépend que de Lui.
Mes chers frères et sœurs,
Le royaume de Dieu, ce sont les cieux et la terre, le monde visible et le monde caché, l’Orient et l’Occident. Dieu dit : « Et rappelle-toi le Nom de ton Seigneur, et consacre-toi totalement à Lui. Le Seigneur de l’Orient et de l’Occident, il n’y a point de dieu, sinon Lui. A Lui donc remets-toi s’en ! » (Coran, 73, 8-9) Textuellement : Prends-le donc comme Wakîl : ce qualificatif est aussi, comme nous venons de le voir, l’un des Noms de Dieu, Al-Wakîl qui signifie le Gérant, le Protecteur, Celui à qui l’on peut s’en remettre entièrement et confier l’ensemble de ses affaires.
Et Dieu nous dit encore dans le Coran :
« A Dieu remettez-vous en si vous êtes croyants ! » (Coran, 5, 23)
Et encore :
« Dieu aime certes ceux qui s’en remettent à Lui. » (Coran, 3, 159)
Notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Si vous vous en remettiez à Dieu comme il convient, Il assurerait votre subsistance comme il le fait avec l’oiseau : il part le matin le ventre creux, et il revient au soir le ventre plein. » (At-Tirmidhî) Observons que cet oiseau s’est envolé en quête de subsistance.
Et notre Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « De ma communauté, entreront soixante dix mille hommes sans jugement ni châtiment. » Le Prophète expliqua ensuite qui ils étaient : « Ce sont ceux qui n’ont recours aux incantations ni pour leur compte ni pour le compte d’autrui, qui ne consultent pas les augures, et qui placent leur confiance en leur Seigneur. » (Al-Bukhârî, Muslim)
‘Abdu -Llâh Ibn Mas‘ûd – que Dieu soit Satisfait de lui – a dit : « La considération et la richesse tournent en cercle en quête du tawakkul. Lorsque tous deux l’atteignent, ils en font leur séjour. »
Le tawakkul signifie que l’on s’en remet entièrement à Dieu, que l’on trouve par Lui la quiétude, et l’assurance d’obtenir tout ce qu’Il nous a garanti. Le tawakkul, c’est chasser de nos cœurs tout souci relatif aux choses de la vie et à nos moyens de subsistance. C’est avoir la certitude que tout ce dont le serviteur a besoin, relativement à ce monde et à l’au-delà, Dieu le possède. Seul Il peut nous permettre d’en disposer, et nul autre que Lui n’a en son pouvoir de nous en priver. C’est ôter de son cœur le désir, la crainte, la peur de tout ce qui n’est pas Dieu, - Exalté soit-Il.
C’est avoir la ferme certitude et c’est connaître avec sincérité que la Main de Dieu est tendue pour le bien des hommes et leur assure tout ce dont ils ont besoin. Aucun bien ne touche le serviteur, et il n’est soumis à aucune épreuve, sans que cela soit l’expression de la volonté de Dieu.
Il peut être facile de prétendre verbalement que l’on s’en remet à Dieu. Il existe cependant des signes qui montrent que l’on a réellement atteint ce degré de foi.
Une sagesse traditionnelle affirme : « Le détachement du monde ne consiste pas à rendre illicite ce qui est licite, ou à gaspiller les biens, mais le détachement du monde, c’est de t’en remettre plus à ce que Dieu tient dans Sa Main qu’à ce que tes mains possèdent ; c’est aussi que ton état soit le même, qu’un malheur t’atteigne ou qu’il ne t’atteigne pas ! » Ce qui signifie que celui qui s’en remet à Dieu ne s’appuie pas sur les biens dont il dispose en apparence, mais sur Dieu Seul qui possède toute chose. Il ne craint donc pas de donner, parce qu’il sait que la compensation qui vient de Dieu lui suffira largement.
La vertu du tawakkul – le fait de s’en remettre entièrement à Dieu –, ne signifie pas, pour celui qui se confie à Dieu, qu’il va être à l’abri des épreuves. Des Prophètes – Dieu leur accorde la paix – furent tués et subirent des persécutions, et pourtant, qui plus qu’eux avait confiance en Dieu ? Le Messager de Dieu (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dû fuir en compagnie d’Abû Bakr dans la grotte. Ils s’y sont cachés. Pendant la bataille d’Uhud, le Prophète eut une dent brisée par les polythéistes, et son visage fut ensanglanté, et cependant, il s’en remettait entièrement à Dieu.
S’en remettre à Dieu, s’est précisément comprendre que toute difficulté connaît une issue favorable pour celui qui se confie à Lui. Dieu dit dans le Coran : « Et celui qui s’en remet à Dieu, Il lui suffit. Dieu atteint ce qu'Il Se propose, et Dieu a assigné une mesure à chaque chose.» (Coran, 65, 3)
Nous demandons à Dieu de raffermir notre foi et d’orienter vers Lui nos cœurs.
Allâhumma âmîn !