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Le vil sanctuaire[1]

 

Sais-tu quel est ton pire ennemi ? Celui qui est le plus capable de te tromper ?

C’est ton ego que tu portes en toi-même !

C’est de cet ego – ton moi –  que te viennent les élans qui t’incitent au mal, et les désirs  dont le diable fait son arme pour te vaincre. Ce combat entre toi et lui est ancien et continu. Le diable a préparé pour cela son armée et il l’a fait savoir, comme cela est dit dans le Coran : « Puisque Tu m'as mis en erreur, dit (le diable en s’adressant à Dieu), je m'assoirai pour eux sur Ton droit chemin, puis je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche. Et, pour la plupart, Tu ne les trouveras pas reconnaissants.» (Coran, 7, 16-17)

 

Cependant, dans ta lutte, tu disposes de l’arme de ta nature originelle qui te conduit à te tourner vers Dieu, comme cela est énoncer également dans le Coran, où il est dit : « (Le diable) n'a aucun pouvoir sur ceux qui croient et qui placent leur confiance en leur Seigneur. Il n'a de pouvoir que sur ceux qui le prennent pour allié et qui deviennent associateurs à cause de lui. » (Coran, 7, 99-100)

 

Tu disposes également d’un arsenal auquel les diables n’ont pas accès. Qatâda disait : « Le diable vient à toi, ô fils d’Adam, par toutes les directions, sauf qu’il ne vient pas à la verticale au-dessus de toi, il ne peut se mettre entre toi et la miséricorde de Dieu. » En affirmant cela, Qatâda se réfère au verset où le diable explique comment il compte égarer Adam et sa descendance : « Je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche. » (Coran, 7, 17) Le diable vient par ces quatre directions : par devant, par derrière, par la droite et par la gauche. Mais il ne vient pas par le haut.

 

Sais-tu, toi, l’être humain, quelle est la chose la plus dure que le diable puisse t’infliger ?

 

C’est une chose qui est de la même nature que le crime que lui-même a commis la première fois…le jour où il s’est rebellé contre Dieu en disant : « Je suis meilleur que lui : Tu m'as créé de feu, alors que Tu l'as créé d'argile. » (Coran, 7, 12)

 

La réponse de Dieu fut : « Descends d'ici, Tu n'as pas à t'enfler d'orgueil ici. Sors, te voilà parmi les méprisés.» (Coran, 7, 13)

 

Ce « je » qu’il a dit et qui a été la cause de son rejet, ce anâ, qui signifie aussi en arabe : moi, c’est la chose qu’il espère trouver en toi et qu’il cherche à réveiller en toi par toutes les ruses. Son art, dans ce domaine, est insolent et redoutable.

 

C’est le crime pour lequel Dieu se met en colère de la façon la plus forte. Le Prophète (Dieu le couvre de bénédiction et de paix) a affirmé : « Dieu – Exalté soit-Il – dit : « « La grandeur est Mon manteau, et la magnificence est Mon vêtement. Celui donc qui Me dispute l’une des deux, Je le jette dans le Feu. » » (Ibn Mâja et Ahmad)

 

C’est cette mauvaise impulsion de l’ego par laquelle est initiée la logique de tout crime, et qui le conduit à perdre de vue la parole divine, afin que la passion puisse dire son mot sans être contredite… Comme il est dit dans le Coran : « Vois-tu celui qui a fait de sa passion son dieu ? Est-ce à toi d'être un garant pour lui ? » (Coran, 25, 43)

 

Cette épreuve du MOI, qui s’affirme, est encore plus dangereuse pour celui qui est versé dans le savoir religieux et qui se distingue dans son engagement pour l’Islam. Le diable en effet ne peut conduire ces croyants éclairés et engagés à renier ce dont ils sont convaincus, et ce dont ils reconnaissent avec certitude la vérité. Il ne peut les amener à renoncer à mener l’action qu’ils sont convaincus de devoir mener, et pour laquelle ils travaillent résolument. Mais le diable peut les aborder d’un autre côté, de là où ils n’en ont pas conscience. Il dit ainsi à l’un d’entre eux : « Tu es un savant, tu as des mérites considérables et tu devances autrui. Regarde ces gens qui t’écoutent, qui te lisent, qui t’admirent, toi … toi … toi … » Le diable ne cesse ainsi d’insister en l’accaparant de tous côtés.

 

Le plaisir de ce « TOI » est en réalité une épreuve, et sa nuisance est dure, ses occasions de chutes sont variées, jusqu’à ce que le diable finisse par le vaincre, et le ramène à son ego, où il se livre au culte de sa propre personne dans le plus vil des sanctuaires !

 

Après avoir atteint ce but, le savoir et la distinction de cet homme ne sauraient en rien nuire au diable, tant que cet homme vit en cultivant le même crime que le diable a lui-même commis la première fois. Bien au contraire, le savoir et la distinction de cet homme font partie alors des soldats qui sont les plus efficaces dans l’armée du diable !

 

L’imam Ahmad rapporte dans son livre sur le Détachement (az-zuhd) l’événement suivant :

 

« Un homme qui faisait partie des fils d’Israël avait adoré Dieu pendant soixante années, en demandant à Dieu une chose qu’il n’obtint pas. Il se dit en lui-même : « Par Dieu, s’il y avait en toi le moindre bien, tu aurais obtenu ce que tu demandes ! » Il vit alors en songe quelqu’un venir à lui, qui lui dit : « Vois-tu le mépris que tu as éprouvé pour ta propre personne pendant cette heure ? Eh bien, il vaut mieux que ton adoration pendant toutes ces années. »

 

Nous demandons à Dieu de guider nos cœurs et de nous rendre meilleurs.

Allâhumma âmîn !

 

Audio :

En français : http://www.cige.org/Sermons/VilSanctuaire_f.mp3

 

En arabe :

http://www.cige.org/Sermons/VilSanctuaire_a.mp3

 



[1] Pensée (Khâtira),  par le Dr Saïd Ramadan –Allâh lui fasse miséricorde – reprise ici sous la forme d’un sermon.

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