Les problèmes que nous rencontrons font partie de l’ordre des choses. En y regardant de plus près, on se rend compte que rien ne nous est donné, ici-bas, qui ne comprenne nécessairement un revers.
Tout ce qui occasionne pour nous de la joie en cette vie, finit par provoquer une forme de tristesse : ainsi, la naissance d’un enfant est un beau jour, un jour de bonheur. Mais elle sera suivie, pendant des années, par les soucis qui accompagneront les parents : maladies, éducation, études, projets d’avenir, etc. Un mariage est aussi fêté comme un grand moment de bonheur. Cependant, il sera suivi par les difficultés que peut engendrer la vie de couple, et qu’il faut apprendre à gérer. Prenez n’importe laquelle des choses de la vie qui vous ont procuré du plaisir, et soyez sûr qu’un jour, elle aura pour vous un goût amer. Même notre propre corps, qui nous permet de vivre pleinement notre vie, finit par nous abandonner avec l’âge.
En règle générale donc, on n’atteint pas un sommet, sans devoir assumer une pente. Tant que l’homme ne connaît pas cette loi, il ne parvient pas à la maturité spirituelle. S’il la comprend au contraire, il apprend à ne faire confiance à aucune des choses de la vie, à ne pas confier son bonheur aux créatures, mais il s’en remet à Dieu Seul. Son bonheur, il ne le puise pas dans l’illusion des plaisirs momentanés, mais dans son lien à Dieu, auquel il se soumet, corps et âme.
‘Abd al-Qâdir al-Jilânî – que Dieu lui fasse miséricorde – affirme avec éloquence :
« Soumets-toi et résigne-toi (à la volonté) de Dieu, et tu trouveras le repos ! Voici la nuit et voici le jour. As-tu en ton pouvoir d’en repousser l’alternance ? Lorsque vient la nuit, elle vient, que cela te plaise ou te déplaise. Et ainsi en va-t-il du jour. Tous deux arrivent, quelle que soit ton aversion. Il en va de même du décret de Dieu – à Lui la Puissance et la Majesté – et de Sa prédestination : lorsque vient la nuit de la pauvreté, soumets-toi et dit adieu au jour de la richesse. Lorsque vient la nuit de la maladie, soumets-toi et dit adieu au jour de la bonne santé. Lorsque vient la nuit de ce que tu as en aversion, soumets-toi et dit adieu au jour de ce que tu aimes. Accueille la nuit des maladies, des infirmités, de la pauvreté, du déshonneur[1] avec un cœur apaisé. (….) La marque du walî (de l’homme aimé et rapproché de Dieu), c’est qu’il vit en conformité avec (la volonté de) son Seigneur en toutes circonstances. »
[1] L’expression kasr al-a‘râd signifie le fait de « briser les honneurs ». Elle a ici le sens de perdre son rang et sa notoriété.
Extrait de : Le croyant face aux épreuves, à paraître in sha Allah