Tribune de Genève, jeudi 4 mars 2016
Genève, 2 mars. Quelle belle leçon Lavrov est-il venu nous donner au siège de l’ONU ! Selon son analyse, si le chaos règne en Syrie, cela est dû à une volonté d’y imposer une démocratie ! De surcroît, le chef de la diplomatie russe a été remercié par Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU !
Avons-nous oublié qu’il y a bientôt cinq ans, le peuple syrien, dans sa grande majorité, a exprimé son refus d’être dirigé par le clan Assad. D’immenses manifestations pacifiques ont permis aux Occidentaux de prendre la mesure de ces revendications légitimes. Cependant, le feu vert a été continuellement donné au dictateur de Damas pour poursuivre d’horribles exactions : par le droit de veto sino-russe d’abord, qui a empêché toute forme de représailles contre les tueries.
Bien plus, une fois que la résistance légitime a été organisée, et dès lors que le peuple, abandonné de tous, a progressé avec un courage inouï, réduisant progressivement le pouvoir de Bachar el-Assad, alors – comble de la trahison – on a laissé l’armée russe s’en prendre aux révolutionnaires sous prétexte de viser Daech, par des assauts intensifs sur tout ce qui pouvait, de près ou de loin, s’opposer au régime tortionnaire.
Force est de constater que cette communauté internationale ne veut pas d’une Syrie libre. Les dictatures sanguinaires sont recevables par voie diplomatique, voire respectables. Elles nous font la leçon du pragmatisme inhumain qui les caractérise.
Au Tribunal de La Haye, pas à l'ONU!