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TRUMP, LA FRANCHISE ET L'ECLAT

On a beaucoup jasé, depuis l’élection de Trump, sur ce personnage hors du commun, il faut bien le dire.

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Le pouvoir de la finance virtuelle

On doit cependant souligner que la présidence de Trump a le mérite d’une franchise qui devrait nourrir d’une certaine façon notre réflexion, et ceci pour au moins trois raisons :

Elle offre  d’abord l’avantage de porter au grand jour ce qu’est devenue la démocratie aux Etats-Unis : le dernier moyen que l’on a donné aux élites fortunées de gouverner sans couronne. Ainsi va le monde : on ne devient pas le président des Américains parce que l’on est celui qui sera le plus apte à diriger et le plus utile à l’humanité, mais parce que l’on a de larges ressources financières. L’argent couvre tous les excès. Le richissime Trump élu, c’est l’accomplissement de ce processus qui s’affiche sans honte et sans hypocrisie.

Cette franchise montre aussi clairement que l’on ne devient pas le chef des Yankees sans se soumettre, par une complète allégeance, aux lobbies financiers pro-israéliens, dont l’influence en matière de politique étrangère n’est plus à prouver. Cela était déjà le cas sous les précédentes présidences. Mais avec Trump, le ton est donné : il est celui  d’un ardent défenseur d’Israël. Il sera certes amené comme ses prédécesseurs à nuancer ses propos pour garder une raison d’être diplomatique entre Israéliens et Palestiniens. Début février déjà, la Maison-Blanche a avancé ce timide communiqué : « Si nous ne pensons pas que l’existence de colonies est un obstacle à la paix, la construction de nouvelles colonies ou l’expansion de celles existantes au-delà de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre cet objectif. » Mais Trump en a trop dit : la voie est ouverte aux colons, et la colonisation illégale se poursuivra sous nos yeux, encore et encore. Le recevant avec tous les honneurs, Trump a la décence de ne pas blesser son grand ami Netanyahou : il n’est plus question désormais d’insister sur une solution à deux Etats.

Trump a enfin le mérite de faire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : il dresse des barrières aux frontières, fustige les flux migratoires porteurs du « terrorisme islamiste ». On s’offusque, on dénonce le caractère raciste de cette politique qui vise les musulmans autant que les Mexicains. On pointe du doigt ce mur de la honte que l’on va construire entre les peuples, une fois de plus. Mais réveillons-nous !  Ce sont de pareils sentiments xénophobes et islamophobes qui font que les partis d’extrême droite ont partout le vent en poupe, en Europe et ailleurs. Ces thèmes ne sont-ils pas ceux que l’on retrouve à demi-mot au sein de partis traditionnels, et qui font écho à la peur diffuse qui gagne l’opinion publique ?

Trump est notre caricature, certes. Le trait est très appuyé, bien entendu. Mais la ressemblance est là. On voit bien que, partout, la finance écrase les principes. La déraison du plus fort l’emporte sur le bon sens des nations endettées et en déroute.

Et désolé si cela n’est pas très flatteur…

Hani Ramadan

Le Temps, Opinion, 21 mars 2017

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