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Loi de Dieu, lois des hommes

Afin qu’ils puissent bénéficier de certains avantages, le règlement d’application de la loi genevoise sur le Laïcité de l’Etat (RLE) demande aux représentants religieux de « reconnaître (par une signature) la primauté de l’ordre juridique suisse sur toute obligation religieuse qui lui serait contraire ».

La question se pose dès lors : est-il bien raisonnable d’exiger cette reconnaissance qui suppose effectivement que le droit positif l’emporte sur toute conviction religieuse ? Le Pasteur Jean-René Moret relève que « la Bible elle-même appelle au respect des lois établies, tout en posant le principe qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes en cas de conflit de normes. »

Soyons plus clairs : pour un monothéiste convaincu, il est évident que la volonté du Créateur (qui se traduit aussi par des commandements) est incomparablement supérieure à celle des hommes, qui produisent de nouvelles lois au cours des siècles, et - il faut bien le dire -, selon les mœurs et les humeurs du moment historique, une étincelle face à L’Éternel.

La laïcité ne devrait donc jamais s’aventurer dans la sphère des convictions de foi. Ce n’est pas son domaine. Au lieu de vouloir imposer une primauté quelconque, dont la reconnaissance cacherait une forme d’hypocrisie, elle devrait plutôt, simplement, exiger que tout citoyen respecte les lois en vigueur dans son pays. Mais libre à tout citoyen, dans un Etat de droit et jusqu’à preuve du contraire, de discuter ces règlementations, de questionner leur bien-fondé, et d’affirmer que la norme donnée par les Livres révélés est meilleure que ce qu’une société dite moderne autorise.

Prenons un exemple simple pour étayer notre propos : la consommation du vin. Qu’on le veuille ou non, l’alcool est aujourd’hui un fléau dont les nuisances sont inouïes. L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale de la République française) nous livre une étude qui rappelle « que la consommation excessive de boissons alcoolisées est encore responsable d’au moins 41 000 décès par an dans notre pays, soit 11 % des décès chez les hommes et 4 % chez les femmes. Ce travail souligne que la consommation d’alcool est responsable directement ou indirectement d’une soixantaine de maladies, parmi lesquelles des pathologies cardiovasculaires, certains cancers, de graves troubles psychiques, des dépressions, des suicides et des dommages occasionnés par des accidents de la route ou du travail provoqués par l’alcool. »

Et ces constatations ne sont qu’un éclairage partiel de ce que représente l’alcoolisme au niveau mondial !

N'est-il donc pas légitime de considérer qu’une loi qui interdit la consommation du vin est meilleure que celles qui ne traitent la question que pour en diminuer à titre palliatif les effets néfastes ? Un aumônier musulman pratiquant aura sans doute cette conviction, et cela ne l’empêchera pas pour autant de manifester son soutien fraternel aux personnes connaissant des addictions difficiles.

Or, ce qui est vrai pour cet exemple, est, pour un homme qui croit en les Livres révélés, vrai pour l’ensemble des commandements divins. Conviction qui doit toujours pouvoir être exprimée ouvertement dans le débat public. Sinon, effectivement, la laïcité qui prétend imposer une quelconque primauté de ses normes relatives à géométrie variable sur la conscience humaine nous conduira à une forme de totalitarisme particulièrement détestable.

 

Hani Ramadan

Directeur du Centre islamique de Genève

Tribune de Genève, L’invité

17 janvier 2023

Loi de Dieu, lois des hommes

Titre de la rédaction de la TDG :

La laïcité face à la sphère des convictions de la foi

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