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Quelques leçons turques au lendemain des élections

Retour sur l’élection présidentielle turque qui a vu la victoire du président sortant Erdogan.

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Les élections présidentielles en Turquie et la victoire de Recep Tayyip Erdogan ont mis en évidence des points qu’il est utile de relever :

La presse occidentale s’est appliquée, en général, à présenter Erdogan comme un dictateur. Ses opposants, dont Kemal Kiliçdaroglu, n’ont pas hésité à reprendre cette rhétorique en affirmant qu’il était temps de revenir à la démocratie. Sans même avoir conscience du caractère paradoxal de cette position : on ne renverse pas une dictature par un vote.

Par ailleurs, les résultats sont tels qu’il est difficile d’y déceler des fraudes. Rarement un processus électoral n’a été observé d’aussi près pour garantir le respect de la volonté populaire. Au premier tour, le score a donné Erdogan gagnant avec 49,5% des voix, contre 44,89% pour Kiliçdaroglu. Ce qui démontre que s’il y avait eu une volonté de tricher, le chef d’Etat aurait fait en sorte de triompher au premier tour. Quoi de plus facile, quand on est si près du but et qu’on détient soi-disant tous les pouvoirs ! Erdogan l’emportant avec 52,1 % des voix au second tour, voilà qui confirme une volonté de s’en remettre au choix du peuple.

Il est à noter que rien ne révèle la santé démocratique d’un pays autant que la mobilisation de ses citoyens. Dans l’Hexagone, par exemple, on observe qu’au premier tour du scrutin présidentiel de 2022, 73,7% des Français sont montés aux urnes. Remarquons que l’abstention a atteint 46 % chez les 25-34 ans. En Turquie, l’engagement massif des électeurs fut impressionnant avec une participation qui a frôlé les 90% au premier tour, et dépassé les 85 % au second

Je préviens les objections qui pourraient être faites : la démocratie ne se limite pas au suffrage, mais elle couvre un certain nombre de principes qui nous attachent aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales. Soit. Mais alors, il faut être clair : il faut dire qu’une tendance prédominante, en Occident, veut que la volonté populaire ne devienne crédible que si elle s’accorde avec la sensibilité des sociétés dites modernes, qui ont systématiquement écarté de l’espace public la référence aux normes transcendantes et aux valeurs traditionnelles.

Il faut dire aussi que cette logique revient à fermer les yeux lorsqu’un coup d’Etat est fomenté en Egypte et que plus de 60 000 opposants, dont beaucoup d’élus, sont incarcérés, sans réaction concrète des chefs de gouvernements européens et étatsuniens.  À fermer les yeux lorsque le dictateur tunisien actuel retient en prison arbitrairement le président élu de l’Assemblée du peuple, Rached al-Ghannouchi, et s’arroge tous les pouvoirs. Il convient d’ajouter également que certaines dictatures arabes sont parfaitement fréquentables dans la mesure où elles assurent des bénéfices considérables dans des échanges commerciaux qui suffisent à excuser le reste.

Hani Ramadan

Directeur du Centre Islamique de Genève

24Heures

Opinion, L'invité

31 mai 2023

L’invité: Quelques leçons turques au lendemain du scrutin présidentiel | 24 heures

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