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Islam et engagement - Page 31

  • Une leçon de l’Exode de Moïse et son peuple (sermon du vendredi)

    « J’ai en vérité avec moi mon Seigneur ! »

    Louange à Dieu, Maître des univers.

    Nous témoignons qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad (Dieu le couvre de bénédictions et de paix) est le Messager de Dieu.

    Mes chers frères et sœurs en Islam, je vous recommande ainsi qu’à moi-même la piété et le fait de craindre Dieu.

     Chaque année, les musulmans célèbrent un événement important survenu le dix du mois d’al-muharram : la sortie des enfants d’Israël de l’Egypte, conduits par le noble Prophète Mûsâ, Moïse – que la paix soit sur lui –.

    À cette occasion, il est fortement recommandé de jeûner, et ce jeûne permet l’expiation des péchés commis durant une année passée, comme le rapporte la tradition authentique.

    Vous connaissez tous cet épisode important qui opposa Moïse et son peuple à la tyrannie de Pharaon : le miracle qui se produisit, devant la mer qui s’ouvrit pour laisser passer les enfants d’Israël, puis qui se referma sur Pharaon et son armée. La scène est décrite plusieurs fois dans le Coran, et comprend de nombreux enseignements, qui montrent que les tyrans injustes courent d’une façon ou d’une autre à leur perte, quelles que soient leurs prétentions.

    Mais aujourd’hui, nous aimerions nous arrêter sur un enseignement majeur, celui qui se résume en un seul mot : at-tawakkul, c’est-à-dire le fait de s’en remettre à Dieu Seul. Il s’agit tout simplement de se confier entièrement à Dieu, et de bénéficier ainsi, en toute chose et à chaque instant, de Son appui. Le Coran déclare en effet : « Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il lui suffit. » (Coran, 65,3) Les savants musulmans ont montré qu’il existe plusieurs voies pour acquérir cette qualité essentielle :

    D’abord en prenant conscience de la toute-puissance de Dieu, et cela, quelles que soient les épreuves de l’existence. Parce qu’ils étaient habités par la certitude que le Tout-Puissant les accompagnait en cette vie, les Prophètes sont devenus pour nous des modèles édifiants de la confiance sans limite qu’il faut avoir en Dieu.

     C’est ainsi que le peuple polythéiste d’Abraham condamna ce dernier au bûcher, parce qu’il s’en était pris à leurs idoles. Jeté dans le brasier, le sage Prophète dit : « Dieu Seul me suffit, et Il est le meilleur garant. »[1] Le miracle se produisit alors : « Nous dîmes : « Ô feu, sois pour Abraham un froid salutaire (Textuellement : froid et salut) ! » » (Coran, 21,69) Abraham fut épargné et il sortit indemne des flammes par la grâce de Dieu.

     C’est ainsi que Moïse, conduisant son peuple, fut bientôt poursuivi par Pharaon et son armée, alors que la mer lui barrait le passage, et qu’il ne restait, en apparence, aucun espoir de fuite.

    Mais le noble Prophète dit à son peuple qui pensait être rattrapé : « Que non ! J’ai en vérité avec moi mon Seigneur. Il va me guider. » (Coran, 26,62) Parole qui nous permet de mesurer la foi immense de Moïse. Et c’est par cette détermination qu’il fut un homme libre devant le joug de Pharaon.

     C’est ainsi que le noble Prophète Muhammad (Dieu le couvre de bénédictions te de paix), accompagné par Abû Bakr, laissa La Mecque pour émigrer à Médine. En chemin et avant d’entreprendre le voyage, ils se réfugièrent tous deux dans une grotte. Là, les polythéistes les rejoignirent. Si l’un d’eux avait simplement baissé les yeux à l’entrée de la grotte, il les aurait vus. Mais le grand Prophète, observant l’état de son Compagnon, lui dit : « Ne t’afflige pas. Dieu est certes avec nous. » (Coran, 9, 40)

     Le Coran relate ce récit en ces termes :

    « Si vous ne lui[2] portez pas secours… (sachez que) Dieu l’a secouru en vérité, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux[3]. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son Compagnon : Ne t’afflige pas. Dieu est certes avec nous. Puis Dieu fit descendre sur lui Sa sérénité[4]… » (Coran, 9, 40)

     On peut mettre en rapport cette expression : « Dieu est certes avec nous » avec la parole de Moïse : « J’ai en vérité avec moi mon Seigneur ». C’est parce qu’ils adoraient le Créateur Tout-Puissant, et parce qu’ils savaient qu’Il les accompagnait et les soutenait dans les épreuves, que les Prophètes disposaient de cette force intérieure les libérant de toute angoisse. Or, si nous ne pouvons prétendre égaler leur foi, ils restent pour nous des modèles à suivre, autant que possible.

    Moïse, quand il s’est retrouvé face à la mer, n’a pas douté un instant de la toute-puissance de Dieu qui l’accompagnait. Telle est l’une des grandes leçons qu’il nous faut retenir à l’occasion du jour de ‘Âshûrâ’.

    Si tu veux acquérir cette qualité – at-tawakkul – confie-toi à ton Créateur en ayant conscience que Son pouvoir n’a pas de limite. Un peuple authentiquement monothéiste est plus fort que la tyrannie des oppresseurs. Une foi sincère prend le dessus sur le fer et les armes.

    Ce mot encore : ce seul récit devrait convaincre les ignorants qu’il ne peut y avoir de place pour l’antisémitisme en Islam, qui reconnaît l’excellence et l’exemplarité des Prophètes de la lignée des enfants d’Israël ! Et c’est un thème qui n’a rien à voir avec les exactions sionistes menées dans les territoires occupés.

     Nous demandons à Allah d’orienter nos cœurs et de faire que nous soyons du nombre de ceux qui s’en remettent pleinement à Lui, et dont l’âme trouve sa quiétude dans le rappel et l’invocation. Allâhumma âmîn !

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    [1] D’après Ibn ‘Abbas, rapporté par al-Bukhârî.

    [2] Le pronom renvoie au Prophète Muhammad (Dieu le couvre de bénédictions et de paix).

    [3] Ce passage fait allusion à Abû Bakr, que Dieu avait choisi pour accompagner le Prophète (Dieu le couvre de bénédictions et de paix) .

    [4] Le mot arabe sakîna signifie à la fois la paix divine, la sérénité, la tranquillité et la quiétude.

  • De la miséricorde avant toute chose (audio : 4 minutes environ)

    Sermon donné au Centre islamique de Genève

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    Le Très-Miséricordieux

    En français : www.cige.org/Sermons/ReligionDeMisericorde-f.mp3

    En arabe : www.cige.org/Sermons/ReligionDeMisericorde-a.mp3

     

  • ATTEINTE A LA LIBERTE D'EXPRESSION : Et cinq ans de plus?

     LETTRE AU MINISTRE DE L’INTERIEUR :

    VOUS N’AVEZ PAS HONTE ?

    Genève, 18 juillet 2022

     

    République française

    Ministère de l’Intérieur

     

    Monsieur le ministre de l’Intérieur français,

     C’est sans grande surprise que j’ai reçu ce 15 juillet 2022 votre décision de renouveler mon interdiction de séjour en France pour une durée de cinq ans.

    Je vais donc encore faire recours, mais cette fois avec l’intention de m’adresser à la Cour européenne des droits de l’homme, si cela s’avère nécessaire. Par ailleurs, je ne reviendrai pas sur la liste des arguments que vous répétez, alors que j’en ai montré le caractère fallacieux, voire carrément ridicule dans une série d’exposés dont je vous donne le lien : CYCLE DE CONFÉRENCES CONTRE LA CENSURE ! - YouTube[1]

    Je tiens cependant à vous faire les remarques suivantes :

    La raison principale qui me vaut cette interdiction, la voici sans détour, et je vous la livre afin que chacun mesure l’étendue de votre iniquité : je défends les enfants de Gaza en dénonçant les coupables, alors que vous, vous obéissez aux lobbies argentés qui affirment que l’armée israélienne est la plus morale du monde, et qui se taisent sur les massacres perpétrés contre les civils palestiniens.

    Depuis plus de 70 ans, le terrorisme d’Etat, au service d’un système d’apartheid doublé d’un colonialisme virulent dont on ne connaît pas à ce jour les limites et les frontières, constituent la marque de l’entité sioniste, alors que les Palestiniens luttent pour leur survie. La résistance, Monsieur le ministre, voilà une valeur que la France connaît et qui fait partie de son plus précieux patrimoine, et je ne suis pas sûr en l’occurrence que votre gouvernement ait choisi le bon camp et ait fait le bon choix …

    Aucune des opinions que vous me reprochez ne justifie une interdiction de m’exprimer sur le territoire français : le débat est ouvert en climat démocratique, et l’Etat de droit en garantit la possibilité dans le cadre de la liberté d’expression, que vous voudriez, vous, restreindre en fonction de votre seul point de vue, complètement acquis à la cause sioniste alors qu’elle transgresse le droit international, – point de vue orienté que vous confondez avec les valeurs de la république.

    Les valeurs de la république, Monsieur le ministre, reviennent-elles à donner en catimini la légion d’honneur au militaire putschiste as-Sissi, comme l’a fait votre président qui est resté surtout un homme d’affaires[2], heureux de vendre vos Rafale et vos armes à ceux qui ont mis un terme au processus démocratique qui avait porté un Frère musulman au pouvoir, le Dr Mohamed Morsi, assassiné en prison ? Il est clair qu’avec cet homme exceptionnel aux commandes de l’Egypte, le droit des Palestiniens aurait été autrement défendu selon les Conventions de Genève, que le sionisme ne respecte pas.

    Les valeurs de la république, Monsieur le ministre, reviennent-elles à criminaliser les pratiques religieuses des musulmans comme étant des indices de radicalisation, et partant de terrorisme possible ?[3] Il est vrai que de telles confusions ignobles pour voler des voix à l’extrême droite relève d’une stratégie électoraliste particulièrement déplorable.

    En France, tous les débats sont possibles et un prêtre qui rappelle la position de son église n’appuyant pas le mariage pour tous n’est pas un ennemi de la république, mais un homme qui vit selon sa conviction de foi, ce qui demeure son droit le plus absolu. En revanche, une police d’opinions s’impose pour réglementer le discours des imams et des croyants, dont je fais partie, qui irait en ce sens.

    Dans les années trente, la doxa, qu’il ne faut jamais confondre avec les valeurs républicaines à moins de faire preuve d’imbécilité, allait très largement contre un segment de la population, criminalisé à tort : les juifs. Une large partie du pouvoir en place a suivi alors cet ignoble mouvement de foule , et bien plus, a nourri l’antisémitisme par des déclarations infâmes.  On a vu le résultat dans l’Europe dite des Lumières. Aujourd’hui, une forme de pensée unique est clairement orientée par les lobbies qui tiennent en France la majorité des médias et désignent le danger que représentent les valeurs de l’islam et la présence des musulmans. Je vous laisse déduire par vous-même ce que l’on peut légitimement penser de votre alignement sur cette doxa nauséabonde. Et vous voudriez m’empêcher d’exposer cette conviction en France ?

    Par conséquent, Monsieur le ministre de l’Intérieur, il ne sera jamais question pour nous de délaisser la critique du sionisme, sous prétexte que nous serions ainsi des antisémites.

    Nous n’abandonnerons pas les enfants de Gaza, ni les enfants de Jérusalem d’ailleurs, qu’on exproprie en se moquant des résolutions de l’ONU et du droit international. Votre gouvernement, lui, se tait, et ne s’honore pas par son silence.

    C’est votre subordination seule à une idéologie tribaliste élective qui est contraire aux valeurs de la république, et votre position sur la liberté d’expression n’est plus celle de l’Etat de droit.

    De fait, non seulement je prendrai toute mesure légale pour contrer votre décision, mais encore, je mettrai en évidence la perfidie de votre alignement sur une idéologie envahissante qui contredit la culture française que vous prétendez défendre, et à laquelle les systèmes politique, médiatique, financier, et bientôt juridique (?) sont pratiquement entièrement soumis.

    Devant ces faits qui relèvent de l’évidence, seuls les idiots utiles et les intellectuels-escrocs en viennent à nous soupçonner de conspirationnisme.

    Je vous laisse, Monsieur le ministre, le choix de la conviction qui s’impose.

    Meilleurs messages

    Hani Ramadan

     

    [1] Cycle contre la censure

    « Islam et laïcité, deux doctrines qui s'affrontent ? » par Hani RAMADAN.

    Centre Islamique de Genève

    « La femme en Islam : quelle dignité ?» par Hani RAMADAN.

    Centre Islamique de Genève

    « Soufisme et spiritualité en Islam ». Par Hani RAMADAN.

    Centre Islamique de Genève

    « Conspirationnisme, antisémitisme et antisionisme. » Par Hani RAMADAN.

    Centre Islamique de Genève

    « Hassan al-Bannâ, éléments de sa vie et de sa pensée. » Par Hani RAMADAN.

    Centre Islamique de Genève

    [2]

    Donner discrètement la grand-croix de la Légion d'honneur à un putschiste sanguinaire, voilà assurément les nouvelles valeurs de la république. Honte à vous ! Lettre à tou(te)s les musulman(e)s vivant en France, et au gouvernement Macron - Islam et engagement (tdg.ch)

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    [3] Christophe Castaner: « Parmi ces signes (de radicalisation), qui doivent être relevés, une pratique religieuse rigoriste, particulièrement exacerbée en période de ramadan. C’est un signe, qui doit permettre de déclencher une alerte sur ce sujet. » Où va la France ? - Islam et engagement (tdg.ch)