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Réflexions du matin : quand les démocraties sont fourbes

Notre conception de la démocratie, en Occident, est très relative. Depuis l’Antiquité, il faut bien dire qu’il en a toujours été plus ou moins ainsi : le suffrage est réservé aux privilégiés.  À Athènes où l’on votait, l’esclave n’avait pas d’opinion et restait une propriété.

Aujourd’hui, sur le plan mondial, notre mode de fonctionnement s’apparente plutôt à une vaste forme d’aristocratie. Jadis en effet, sous les régimes féodaux, on distinguait l’homme dont la noblesse, la fortune et le rang étaient dus à la naissance, du gueux et du serf qui vivaient à l’extérieur du château, et dont la destinée était de labourer la terre et de servir le prince et sa cour. Et pas question d’ouvrir les portes du palais aux pauvres. De nos jours, c’est un privilège de naître dans les pays riches, d’y bénéficier de la citoyenneté. Ceux qui ont le malheur de venir du tiers monde sont considérés comme une menace et une catégorie inférieure, qu’il est parfaitement légitime de refouler. Le concept de nationalité, qui n’est, somme toute, qu’une usurpation territoriale d’un univers qui n’appartient qu’à Dieu, permet de justifier cette entorse flagrante aux droits de l’homme.

Comble de la perversion, nos démocraties auraient voulu assurer une forme de gouvernance mondiale par dictatures interposées. Les révolutions actuelles ont permis de dévoiler cette fourberie : des alliances financières établies avec des tyrans, au mépris du droit des peuples. Les départs de Ben Ali, de Moubarak, et bientôt de Khadafi – Dieu nous en débarrasse – n’ont pas été souhaités d’une égale manière. Ces bouleversements représentent des pertes qui vont se chiffrer en milliards d’euros et de dollars pour des investisseurs peu scrupuleux.

Sommet de cette imposture universelle : le soutien inconditionnel à l’Etat sioniste fondé sur les privilèges dus à un peuple élu. Le seul Etat extensible dont personne ne connaît exactement les frontières et qu’il est cependant parfaitement légitime de reconnaître, reçoit l’appui de nos démocraties, qui ferment les yeux sur des exactions commises contre des civils depuis des décennies. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne, les Palestiniens de Gaza n’ont pas droit au vote.

Tout cela était bien connu. Mais les révolutions arabes découvrent davantage cette hypocrisie. Le vrai visage d’une hégémonie odieuse apparaît dans toute son horreur. Avec les dictatures qui s’effondrent, c’est un système de domination mondiale qui se trouve perturbé, et il se peut bien que la révolte des serfs, réclamant le blé qui leur a été volé,  vienne troubler le repos des princes au-delà des frontières…

Hani Ramadan

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