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Il faut sauver le peuple libyen

Il faut sauver le peuple libyen

(22 février 2011)

Les condamnations pleuvent contre le tyran Kadhafi, pour fustiger la répression du dictateur qui n’hésite pas à massacrer son peuple.

 

 

 

On apprend par les agences de presse que l'ONU a averti les autorités libyennes que les attaques contre les civils pourraient être assimilées à des crimes contre l'humanité. Le bel avertissement ! La Ligue arabe condamne l’action sanglante du colonel et l'Organisation de la conférence islamique dénonce une « catastrophe humanitaire contraire aux valeurs de l'islam ». La belle condamnation ! Beaucoup de discours, et peu d’action.

Cette nouvelle révolution montre de façon encore plus perceptible l’hypocrisie de l’Occident et des gouvernements qui se sont empressés de fréquenter le tortionnaire fou en se fondant sur des intérêts purement économiques, mais en oubliant les droits de tout un peuple, volé, humilié, dominé par l’autocratie. Et l’on a peur aujourd’hui. On hésite. La Libye représente des enjeux qui se chiffrent en milliards de pétrodollars et de richesses naturelles investis dans le travail de multinationales qui n’ont eu aucun scrupule à collaborer avec le pouvoir despotique contre les intérêts d’une nation. Telles sont les exigences de la realpolitik : une belle escroquerie mafieuse qu’aucun principe moral ne peut justifier, sinon le culte de l’or. Les sociétés américaines et européennes, sud-coréennes et chinoises sont prises au piège de leurs alliances financières avec la tyrannie. Pourquoi laissera-t-on mourir des femmes, des enfants et des civils innocents pendant quelques heures encore, pendant quelques jours ? Parce que Mouammar Khadafi a disposé jusqu’à présent de quelque 130 milliards de pétrodollars de revenus annuels. Ainsi va le monde !

Les chancelleries organisent l'évacuation de leurs ressortissants, signe que le danger va grandissant. Le bel élan d’humanisme contre la barbarie ! Mais le devoir d’ingérence, que les Etats-Unis sont si prompts à mettre en avant en ce qui concerne des pays comme l’Afghanistan qui regorge de ressources et de minerais, reste une simple hypothèse, qui ne sera envisagée que lorsque beaucoup de Libyens auront péri. Un massacre se déroule ici et là, et le seul souci des Etats dit libres est de venir au secours de l’homme blanc, celui qui n’est pas basané. Tous les hommes sont égaux, certes, mais il est des égalités qui ont plus de valeur que d’autres. Cela dépend aristocratiquement de tes origines et du lieu où tu es né.

Voilà donc ce que dévoilent les soulèvements populaires : les grandes puissances ont fait fausse route. Elles ont trahi leurs propres principes, inscrits dans des chartes qui ne sont destinées qu’à être lues, ou qui ne concernent que les privilégiés de la planète. Les démocraties occidentales se sont servies de l’absolutisme sous toutes ses formes, y compris les plus inhumaines, pour exploiter le monde arabe.

Les coffres de nos banques sont souillés par la faim et le sang des peuples. Nous ne devons pas avoir peur de le dire. Et si nous ne faisons rien pour arrêter ces tueries, nous sommes complices.

Hani Ramadan

Tribune de Genève, le 1er mars 2011

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