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Parution : ISLAM, SOURCE DE LIBERTE

 Soumission, condition de la femme voilée, obscurantisme, fatalisme, fanatisme belliqueux, mise à mort des apostats, persécution des chrétiens, conformisme et immobilisme de la sharî‘a, autant de termes et d’expressions que l’on a coutume à présent, sans gêne et sans relâche, de lier à l’Islam, qui est devenu par excellence dans l’esprit de beaucoup, la religion liberticide. Une menace pour le monde moderne et pour l’humanité.

C’est avec plaisir que je vous annonce la parution d’un nouveau livre : Islam, source de liberté, dans lequel j’invite mes lecteurs à aller au-delà de la tyrannie et de la superficialité des préjugés. Pour préserver les conditions d’un authentique dialogue de civilisations et pour comprendre la profondeur spirituelle et l’universalité des valeurs de l’Islam, il est nécessaire de refuser les clichés que nous servent en boucle les médias.

Extrait de circonstance où est évoquée la libération du peuple de Moïse.

 Une qualité libératrice : at-tawakkul, et l’exemple des Prophètes

 

On ne peut parler de liberté sans explorer les états de l’âme humaine. L’Islam nous enseigne que les actions du cœur (a‘mâl al-qulûb) ont plus d’importance que les apparences extérieures. Ces actions sont par exemple la sincérité dans la volonté d’agir en vue de Dieu Seul (al-ikhlâs), l’amour et la crainte de Dieu (al-hubb wa -l-khawf), le repentir  (at-tawba), et le fait de s’en remettre entièrement à Dieu (at-tawakkul).

Cette dernière disposition nous permet de nous affranchir de notre peur devant le destin. Non pas par la distraction et l’oubli de la vieillesse et de la mort, mais au contraire en affrontant ouvertement et lucidement notre avenir. Il s’agit tout simplement de se confier entièrement à Dieu, et de bénéficier ainsi, en toute chose et à chaque instant, de Son appui. Le Coran déclare en effet : « Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il lui suffit. » (Coran, 65,3) Les savants musulmans ont montré qu’il existe plusieurs voies pour acquérir cette qualité essentielle :

a) En prenant conscience de la toute-puissance de Dieu, et cela, quelles que soient les épreuves de l’existence. Parce qu’ils étaient habités par la certitude que le Tout-Puissant les accompagnait en cette vie, les Prophètes sont devenus pour nous des modèles édifiants de la confiance sans limite qu’il faut avoir en Dieu.

 

Abraham

 

C’est ainsi que le peuple polythéiste d’Abraham condamna ce dernier au bûcher, parce qu’il s’en était pris à leurs idoles. Jeté dans le brasier, le sage Prophète dit : «  Dieu Seul me suffit, et Il est le meilleur garant. »[1] Le miracle se produisit alors : « Nous dîmes : «  Ô feu, sois pour Abraham un froid salutaire (Textuellement : froid et salut) ! » » (Coran, 21,69)  Abraham fut épargné et il sortit indemne des flammes par la grâce de Dieu.

 

Moïse

 

C’est ainsi que Moïse, conduisant son peuple, fut bientôt poursuivi par pharaon et son armée, alors que la mer lui barrait le passage, et qu’il ne restait, en apparence, aucun espoir de fuite. Mais le noble Prophète dit à son peuple qui pensait être rattrapé : « Que non ! J’ai en vérité avec moi mon Seigneur. Il va me guider. » (Coran, 26,62) Parole qui nous permet de mesurer la foi immense de Moïse. Et c’est par cette détermination qu’il fut un homme libre devant le joug de pharaon.

 

Muhammad

 

C’est ainsi que Muhammad, accompagné par Abû Bakr, laissa La Mecque pour émigrer à Médine. En chemin et avant d’entreprendre le voyage, ils se réfugièrent tous deux dans une grotte. Là, les polythéistes les rejoignirent. Si l’un d’eux avait simplement baissé les yeux à l’entrée de la grotte, il les aurait vus. Mais le  grand Prophète, observant l’état de son Compagnon, lui dit : «  Ne t’afflige pas. Dieu est certes avec nous. » (Coran, 9, 40) Abû Bakr relatera plus tard cet événement : « J’ai regardé les pieds des polythéistes au-dessus de nos têtes alors que nous étions dans la grotte. Je dis alors : «  Ô Messager de Dieu, si l’un d’entre eux regardait son pied, il nous verrait ! »  Le Prophète  déclara : « Ô Abû Bakr, que penses-tu de deux dont Dieu est le troisième ? » »[2] C’est la traduction mot à mot, le sens étant : « Que penses-tu qu’il puisse arriver à deux hommes que Dieu accompagne et protège ?»

 

Le Coran relate ce récit en ces termes :

 

« Si vous ne lui[3] portez pas secours… (sachez que) Dieu l’a secouru en vérité, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux[4]. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son Compagnon : Ne t’afflige pas. Dieu est certes avec nous. Puis Dieu fit descendre sur lui Sa sérénité[5]… » (Coran, 9, 40)

 

On peut mettre en rapport cette expression : « Dieu est certes avec nous » avec la parole de Moïse : « J’ai en vérité avec moi mon Seigneur ». C’est parce qu’ils adoraient le Créateur Tout-Puissant, et parce qu’ils savaient qu’Il les  accompagnait et les soutenait dans les épreuves, que les Prophètes disposaient de cette force intérieure les libérant de toute angoisse. Or, si nous ne pouvons prétendre égaler leur foi, ils restent pour nous des modèles à suivre, autant que possible.

 

b) La vertu du tawakkul peut s’acquérir aussi par la croyance en le destin. Le Coran affirme :

 

« Dis : « Rien ne nous atteindra, sinon ce que Dieu a écrit pour nous. Il est notre Protecteur. C’est en Dieu que les croyants doivent mettre leur confiance. » (Coran, 9, 51)

 

La vie, la mort, les moyens de subsistance, la maladie, la guérison, tous les événements de notre vie dépendent de la volonté de Dieu Seul. La croyance en le destin ne conduit pas, en Islam, au fatalisme. C’est exactement le contraire qu’il faut comprendre. Le hadith suivant nous permet d’éclaircir ce point :

D’après Jâbir Ibn ‘Abdi-Llâh, Surâqa Ibn Mâlik demanda : « Ô Messager de Dieu, quel est le sens de notre action : est-ce que tout est déjà accompli, ou bien commençons-nous (chaque fois) une action nouvelle ? » Le Prophète  répondit : «  Plutôt, tout est déjà accompli. » Surâqa reprit alors : « A quoi bon l’action dans ce cas ? » Le Prophète dit : «  Agissez, car pour chacun a été rendu aisé ce pour quoi[6] il a été créé. » (Ahmad, Muslim)

Le croyant doit ainsi tout faire pour agir au mieux et pour perfectionner ce qu’il entreprend. Après quoi, il peut s’en remettre entièrement à Dieu en ce qui concerne le résultat. S’il sait, par exemple, que le malheur qui l’atteint est une épreuve qui arrive par la volonté de Dieu, il cherchera par la patience à vaincre sa faiblesse. Jamais il ne désespérera. S’il a conscience que Dieu Seul a déterminé de façon absolue le moment précis de sa mort, appelé en arabe al-ajal, c’est-à-dire le terme fixé de sa vie sur terre, il a conscience pareillement que nulle créature ne saurait précipité ou retardé le moment de son trépas. Dieu Seul a ce pouvoir. Il aura ainsi confiance en toute circonstance, y compris lorsque son devoir lui commandera de combattre pour défendre sa communauté selon le droit et la justice : on le trouvera au premier rang, non par fanatisme, comme certains se complaisent à le croire, mais par la force que lui confère cette noble vertu qui l’habite, et que le matérialiste a bien du mal à comprendre : at-tawakkul.

Islam, Source de liberté, éd. Al Qalam, Paris 2011

TABLE

Islam, source de liberté

Première partie

La liberté dans la doctrine et la pratique musulmanes

1) Liberté et soumission

2) La prosternation : un acte libre

3) Monothéisme et liberté rationnelle

4) Liberté rationnelle et libération des mœurs

5) Intelligence et volonté, ou quelle liberté devant le péché ?

6) Une qualité libératrice : at-tawakkul, et l’exemple des Prophètes

-Abraham

-Moïse

-Muhammad

7) Destin et liberté

8) Culte et liberté

9) Des exemples historiques de la libération de l’homme

10) Le sens du martyre (shahâda)

               

Deuxième partie

La liberté religieuse en Islam

1) Pas de contrainte

-L’apostasie

-Les mariages mixtes

2) Le dialogue interreligieux

3) La conviction plutôt que l’imitation

4) L’ouverture sur la modernité

 

Conclusion : toutes les illusions du monde

 

 



[1] D’après Ibn ‘Abbas, rapporté par Al-Bukhârî.

[2] Hadith authentique rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.

[3] Le pronom renvoie au Prophète Muhammad.

[4] Ce passage fait allusion à Abû Bakr, que Dieu avait choisi pour accompagner le Prophète.

[5] Le mot arabe sakîna signifie à la fois la paix divine, la sérénité, la tranquillité et la quiétude.

[6] « pour quoi » en deux mots, dans le sens : « Dieu a facilité pour chacun de suivre  la voie pour laquelle il a été créé. »

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