Depuis l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, l’occasion nous est donnée de confirmer qu’il existe un langage « journalistiquement correct », tout comme il existe des prises de positions politiquement correctes qui s’alignent sur les déclarations officielles de Washington.
A l’exemple de cet éditorialiste qui nous explique que puisque la mort de Ben Laden est si confuse, cela prouve que les Américains sont sincères, autrement, ils se seraient arrangés pour nous donner une information définitive unique !
A l’image de ce ministre français qui affirme dans un élan populiste regrettable que le grand épouvantail de la planète « a eu ce qu’il méritait. »
Pourtant, la vérité est claire et à portée d’une réflexion saine :
Ben Laden aurait dû être arrêté, et interrogé. Songez que l’administration américaine a enfermé pendant des années des hommes à Guantanamo et ailleurs, et qu’elle s’est autorisé des « interrogatoires musclés », qu’elle a eu recours à la torture pour obtenir des informations.
Pourquoi donc avoir tout entrepris pour éliminer Ben Laden, et empêcher qu’il ne fût traduit devant une cour de justice ?
Quelle version aurait-il pu nous donner enfin des attentats de 11 septembre, dont on lui attribue la responsabilité ?
On a tué le monstre.
Vraiment ?
Et si le monstre était en réalité un regroupement de gangsters falsifiant la vérité historique pour se livrer militairement aux pires exactions ?
Cette mort vient d’ailleurs bien à point. Au moment où les troupes guerrières du prix Nobel de la paix sont complètement étourdies par la guérilla afghane, il est sans doute temps de se retirer. Sans compter l’élan de popularité favorable à Obama engendré par cet assaut digne d’une séquence hollywoodienne. Et tant mieux si l’on ne voit rien. Tant mieux si le cadavre présumé est largué au fond des mers.
Le mystère est parfois la forme que prend le mensonge quand on a tout à craindre de la vérité.
Hani Ramadan