L’ONU est-elle encore crédible? C’est à cette institution, qui était déjà en novembre 1947 la proie des lobbies sionistes, qu’Israël doit son existence.
Or, la seule légitimité qui justifiait alors l’occupation de la Palestine reposait sur un argument soi-disant religieux, qui consacrait une terre promise à un peuple élu. Première imposture donc: une majorité de nations qui proclament chez elles les valeurs républicaines ou laïques soutiennent sans condition l’Etat hébreu. Aux musulmans cependant, il est interdit de concevoir des gouvernements qui ne seraient pas soumis au diktat de la sécularisation. Pourquoi?
Par ailleurs, la reconnaissance d’un Etat palestinien est-elle nécessaire? Les Palestiniens vivaient chez eux avant l’invasion sioniste. Quel paradoxe tout de même: on vous vole votre terre, puis on attribue au voleur le bien volé, puis on demande à la victime expropriée illégitimement non seulement d’admettre ces pratiques coupables, mais aussi de bien vouloir qu’elles se poursuivent ici et là, en lui signifiant que toute forme de résistance serait du terrorisme.
Quelle aurait dû être la position de l’ONU et de l’Etat d’Israël s’il y avait une quelconque rationalité dans l’idéologie sioniste? S’en tenir au partage de 1967, bien qu’il consacre déjà une injustice flagrante infligée aux Palestiniens depuis 1948. Arrêter la colonisation, accepter le retour des réfugiés selon un accord raisonnable, et surtout, admettre la restitution de Jérusalem-Est. Mais de tout cela, il ne peut être question: l’expansion entre dans la genèse du sionisme.
A cela s’ajoute la misérable démonstration du président Obama à la tribune de la 66e Assemblée générale des Nations Unies, ce 21 septembre 2011. Un président qui est la marionnette des lobbies juifs, sans le soutien desquels il ne peut espérer être réélu. Raison pour laquelle il est obligé de revenir sur ses propres déclarations: il y a une année, il exhortait les nations à tout entreprendre pour reconnaître un futur Etat palestinien.
Si de surcroît on considère l’usage qui est fait de l’exécrable droit de veto réservé aux élites des nations, que reste-t-il dans l’enceinte onusienne des valeurs réellement démocratiques?
Dès lors, il convient d’énoncer sans détour des vérités évidentes: 1. Le Quartette pour le Moyen-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) est entièrement complice du projet sioniste. 2. Le parti de Benjamin Netanyahou comprend dans son projet la réalisation d’Eretz Israel (le Grand Israël) et la non-reconnaissance d’un Etat palestinien. Dans les faits, c’est exactement ce qui est en train de se produire. 3. La position normale des pays dits libres aurait dû être de refuser toute négociation avec l’Etat hébreu sans l’arrêt de la colonisation.
Mais nous vivons une ère irrationnelle de privilèges accordés au pouvoir de l’argent et des armes. C’est la triste réalité d’un Occident qui se croyait arrivé au sommet de la gloire des droits humains, mais dont le sionisme est le talon d’Achille.
Qui donc libérera la Palestine?
Hani Ramadan
24 Heures, L’invité, 10 octobre 2011