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La Syrie victime de basses manœuvres

Le dernier G8 s’est terminé sans qu’aucune décision importante ait été prise sur le drame de la Syrie. La prochaine rencontre de « Genève 2 » ne repose sur aucun accord fondamental, la Russie étant déterminée à soutenir le régime du dictateur en place. Sitôt la réunion terminée, le président Vladimir Poutine a fait savoir que rien n’empêcherait de nouvelles livraisons d'armes au gouvernement syrien.

Comment qualifier ce dialogue de sourd du G8 ? Lorsque sur le terrain, depuis plus de deux ans, un peuple est privé de sa liberté et se fait massacrer ouvertement par une armée qui a reçu l’ordre d’exterminer les opposants ?

 Inqualifiable. Ignoble. Monstrueux.

Nous avons là une illustration parfaite de l’asservissement des Occidentaux aux lobbies.

J’ai déjà cité à maintes reprises l’extrait suivant de la revue Kivounim (Orientation), en demandant des explications à ceux qui défendent les positions de l’Etat d’Israël. Je n’ai jamais obtenu de réponse. Pourquoi ? Parce que ces propos authentiques révèlent le caractère inhumain du projet sioniste. Ils ont été publiés par l’« Organisation sioniste mondiale » à Jérusalem (n° 14, février 1982) : « L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux, doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États. (….) Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël. »

 

Entendons-nous bien. L’explosion brutale des Printemps arabes a complètement échappé aux observateurs internationaux. La perspective de changements de régimes (coup d’Etat, renversement, révolution) entrait certes dans les analyses prévisionnelles des experts étasuniens, mais rien ne laissait entrevoir des soulèvements populaires de cette nature. En Tunisie, en Egypte, en Libye,  la chute successive des dictatures était imprévisible il y a cinq ans. Par contre, le plan de l’Organisation sioniste mondiale a été fixé il y a plus de trois décennies. Tout le stratagème a consisté dès lors à empêcher ces révolutions de donner leurs fruits : en imposant des restrictions financières aux dirigeants démocratiquement élus, en donnant une large couverture médiatique au mécontentement populaire minoritaire. Même le gouvernement turc a été visé par ces basses manœuvres.

Avec la Syrie toutefois, les mesures ont été beaucoup plus sévères :

D’abord, il était question d’un peuple qui se rassemblait pacifiquement sur les places pour demander à Bashar al-Assad de s’en aller. Les manifestations, devenant de plus en plus importantes, ont été réprimées dans le sang. La Communauté internationale s’est indignée (merci beaucoup). Les révolutionnaires se sont alors engagés, de façon légitime, dans le combat armé.

Puis s’en est suivie une série d’éclairages dont la progression révèle toute la perfidie du sionisme et la lâcheté des gouvernements occidentaux : la révolution a pris un nouveau nom : elle est devenue une guerre civile. Ce qui est fort commode lorsque les mauvaises consciences ne veulent plus entendre parler de non-assistance à peuple exterminé. De là, on a mis en avant la présence d’islamistes qui justifierait qu’on laisse des civils se faire dévorer par l’armée sanguinaire de Bashar. Médiatiquement, il suffit d’ailleurs de mettre en avant des atrocités commises par quelques rebelles (injustifiables par ailleurs), pour que cela contrebalance les tueries d’enfants, de femmes et d’hommes par centaines de milliers. Sans oublier les viols, la torture qui font partie des mœurs de l’armée officielle syrienne. Sans oublier le déplacement des populations et les réfugiés par millions.

Nouvelle phase enfin, qui permet aux lobbies d’être entièrement satisfaits, parce qu’ainsi la révolution aura été détournée au profit du chaos annoncé en 1982 (l’éclatement de la Syrie sur la base de critères ethniques ou religieux) : le fait de prétendre à présent de façon fallacieuse que l’opposition du sunnisme et du chiisme est la cause de cette guerre. Le Hezbollah s’est ainsi fait piéger en entrant dans l’arène des combats, tout comme les dirigeants iraniens ont commis une erreur monumentale. Aucune considération politique ne permet aux musulmans, qu’ils soient sunnites ou chiites, de déroger à une règle d’or en Islam : quelles que soient leurs confessions, leurs origines, il faut être juste avec tous les hommes. Prendre le parti du tyran de Damas contre le peuple syrien, cela ne peut être équitable.

Dernier épisode douloureux pour nous, mais qui comble de joie ceux qui projettent les destructions futures sans aucun état d’âme : Obama avait prétendu qu’il n’admettrait pas l’usage d’armes chimiques. Bien que la ligne rouge ait été franchie depuis longtemps, les lobbies lui ont imposé de revenir sur ses propos en prétextant des doutes. Il a dû s’exécuter, tout comme il avait été contraint de revenir sur ses déclarations concernant la reconnaissance d’un Etat palestinien. Les doutes ayant disparu, son aide se fera au compte-gouttes, histoire d’équilibrer le plus longtemps possible les forces en présence.

Car il importe, Mesdames et Messieurs, que cette boucherie dure indéfiniment, afin que la Syrie soit décimée selon les prévisions de l’Organisation sioniste mondiale.

Tout cela est vraiment ignoble.

Par la magie du pouvoir médiatique, voyez comment une révolution populaire est réduite à une guerre civile, puis à une guerre confessionnelle.

Quelle écoeurante équation pour couvrir un massacre en cours : Genève 1, G8, Genève2, 3, 4 … ?

Massacre organisé et programmé.

Vous avez dit « civilisation des droits de l’homme » ?

 

Hani Ramadan

 

 

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