Les images que l’on ne montre pas
Nous sommes confrontés à un coup d’Etat médiatique autant que militaire.
On connaissait la conspiration du silence. Voici venu le temps de la conspiration de la désinformation.
Pendant des décennies, les gouvernements occidentaux s’accommodaient parfaitement de dictatures moyen-orientales déguisées en démocraties : tel chef d’Etat remportait des élections tronquées par 98, 9 pour cent des voix. Tout le monde avait conscience de la fraude, et cependant la « légitimité » du président « élu » était reconnue au sein des ambassades de la planète. Pourvu que le dictateur soit conciliant avec Israël et ses projets d’expansion. Et pourvu qu’il collaborât aux intérêts géostratégiques des Américains dans la région !
Dans la même logique aujourd’hui, on trouve aux Etats-Unis, en Europe et dans le monde des Emirats, des justifications au Coup d’Etat perpétré en Egypte par des généraux, en prétextant le soutien massif de la population à l’ingérence des militaires. Et là aussi, l’exagération dans les chiffres est de mise : telle manifestation à Tahrir a réuni, nous dit-on, 14 millions d’individus ! Puis non : ils étaient 17 millions. Et non encore : 20, et pourquoi pas 30 millions ? On oublie que cette place Tahrir ne peut, géométriquement parlant, contenir un million de personnes. La seule fois où ce chiffre a été atteint, selon les experts en urbanisme qui ont gardé le sens de la mesure, c’était lors de la mort de Nasser (qui n’était pas alors le meilleur ami des Frères musulmans !), la population ayant formé un attroupement jusqu’à la place Ramsès !
En réalité, les rassemblements des anti-Morsi n’ont jamais dépassé quelques centaines de milliers de personnes. Il faut se rendre compte qu’une prise de vue aérienne regroupant déjà quelques milliers de manifestants peut être impressionnante. Si l’on ajoute à cela un cadrage savamment dosé par les spécialistes de l’image, on a vraiment affaire à une manipulation médiatique destinée à nous tromper. Cette fraude a pour but de rendre acceptable un coup d’Etat contre l’arbitrage des urnes.
Et quelle hypocrisie qui consiste à vouloir nous faire croire qu’il ne s’agit que d’une seconde phase de la révolution ! Une révolution se fait contre une dictature, jamais contre une démocratie en marche !
L’imposture est d’autant plus évidente que précisément, on nous a caché systématiquement l’ampleur des manifestations pro-Morsi – beaucoup plus importantes – en évitant les plans panoramiques, et en s’ingéniant à se limiter à des individus isolés, souvent hurlant leur colère.
Combien est grande l’infamie de ces journalistes qui s’obstinent à ignorer cette foule immense. Foule dont on veut taire la présence et les revendications. Les grands médias et la presse refusent de diffuser ces images.
En voici pourtant quelques exemples récents :
http://www.youtube.com/watch?v=UT3BL-22vuc
vendredi 5 juillet 2013, place Rab'a al 'Adaweya
http://www.youtube.com/watch?v=bOgy5qMPrSk
dimanche 7 juillet 2013, place Rab'a al 'Adaweya