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Coup d’Etat illégitime en Egypte

 Aujourd’hui 

 Une interview (téléjournal) : http://www.rts.ch/video/info/journal-19h30/5048500-egypte-entretien-avec-hani-ramadan.html

 Et un article :

 Egypte : la révolution trahie

C’est un éclairage étonnant qui nous a été donné ce 30 juin 2013 sur les manifestations qui ont eu lieu en Egypte. Les caméras de la presse occidentale étaient braquées sur la place Tahrir, et avaient visiblement oublié les grands rassemblements de soutien au président Morsi, dans au moins 19 villes. Le mouvement Tamarrod (rébellion en arabe) a revendiqué quelque 22 millions de signatures, chiffre repris en boucle par les médias, comme s’il constituait un argument démocratique incontournable pour justifier le départ anticipé de Morsi.

Une telle mise en scène médiatique relève de la désinformation. Il suffit pour s’en convaincre de considérer les points suivants :

Le mouvement Tamarrod a dit avoir récolté un million de voix dans la ville el- Mahalla el-Koubra. Or, sa population totale ne dépasse pas 460 000 habitants, y compris les enfants ! Le célèbre poète égyptien Ahmed Fouad Negm  a déclaré publiquement qu’il a signé seize fois cette pétition !

Le respect de la volonté populaire suppose l’acceptation des élections selon une réglementation précise. Lorsque des partis s’opposent dans une saine démocratie, se sont précisément les urnes qui rendent légitime la prise du pouvoir. Et surtout pas les militaires. Les urnes qui assurent la cohésion sociale.

Or, ceux qui, au contraire, ont fomenté des troubles, n’ont jamais admis la présidence de Morsi. Vaincus par le scrutin, ils se sont unis pour semer le désordre : payant des jeunes gens pour jeter des pierres, et allant même jusqu’à fournir des armes aux voyous qui ont tué de sang-froid des civils. Complice, une partie de la police et des forces de l’ordre s’est bien gardée de défendre les citoyens, laissant à dessein la situation se dégrader. Bien sûr, nul ne peut nier la déception de ceux qui rêvaient d’un redressement économique radical en l’espace de quelques mois. De cette naïveté aussi les agitateurs ont su tirer profit.

On nous avait mis en garde contre les « islamistes » au pouvoir qui allaient confisquer les libertés. Qu’a-t-on vu ? Un gouvernement qui a refusé d’interdire l’expression des revendications. Il est regrettable que certains s’en soient servis pour remettre en cause le choix du peuple. Au final, des généraux se sont octroyé le droit de destituer un président élu, et de suspendre l’exercice de la Constitution, approuvée par 63,8 % des votants il y a six mois. Actions anticonstitutionnelles, illégitimes et illégales. A noter que ces militaires n’agissent jamais vraiment seuls. L’aide annuelle fournie par Washington à l’armée égyptienne est de 1,3 milliard de dollars par an. Ce qui explique bien des manipulations.

 

Hani Ramadan

L’invité

Tribune de Genève, 5 juillet 2013

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