Les images de la comparution du président Morsi viennent de faire le tour de la planète.
Que voit-on ?
Un homme qui a refusé de porter l’habit des prisonniers et qui s’est tenu debout, avec élégance et fermeté, devant la fausse Cour des marionnettes du coup d’Etat.
Immédiatement, la vérité que les autruches refusent de voir s’est imposée à tous.
Il est bien, lui, le seul président légitime en Egypte.
Ce sont les « juges » que notre conscience a immédiatement condamnés, estimant qu’ils étaient indignes de siéger là, devant un homme que son peuple a soutenu par les urnes.
Et derrière lui et avec lui, les embastillés levant quatre doigts, signe de ralliement à une noble cause, devenue internationale.
Que disent ces mains levées ? Que dit le président en renvoyant les juges dans leurs casernes ?
Qu’il est monstrueux et illégal de soutenir les militaires, comme le fait insidieusement l’administration américaine, quand c’est le peuple que l’on massacre.
Qu’il est particulièrement infâme de voir les gouvernements, qui prétendent défendre la démocratie, se taire et accepter de collaborer avec les putschistes.
Qu’il est tout à fait odieux de constater qu’une grande partie de la presse s’enlise dans une conspiration du silence, refusant aux foules immenses qui se soulèvent, jour après jour, une couverture médiatique honorable.
Pendant des mois, l’humoriste Bassem Youssouf s’est livré à des critiques particulièrement acerbes contre la présidence. Il avait fait l'objet d'une enquête pour "insulte" contre Morsi suite à de nombreuses plaintes auxquelles ce dernier a choisi de ne pas donner suite. Le satiriste n’a donc jamais été inquiété quant à l’exercice de son « art » et a poursuivi publiquement ses mimiques.
Hélas pour Bassem Youssouf, il a osé s’en prendre dernièrement au général Sissi. Ce vendredi 1er novembre 2013, la chaîne CBC a décidé de ne pas diffuser sa dernière émission. L’animateur va probablement être inculpé pour « menace à la sécurité ». Si une telle censure avait été ordonnée par Morsi, imaginez le tollé qu’elle aurait suscité ! Mais puisqu’il s’agit du général, dont les médias occidentaux ont ménagé l’image, les champions de la liberté d’expression – quand il est question d’insulter le Prophète de l’Islam – sont tout à coup étonnamment absents.
Nous avons pour consolation extrême d’être du côté de la liberté et de la dignité, alors que du camp adverse suinte une hypocrisie nauséabonde qui ne peut qu’entraîner le dégoût profond de toutes les consciences saines.
Notre combat est évident :
Les urnes contre les armes.
La vérité contre le mensonge.
La liberté contre l’oppression.
Le respect de la vie contre le crime.
Voilà le message que le président Morsi adresse à toutes et à tous.
Et les quatre doigts levés.
Hani Ramadan
Directeur du Centre Islamique de Genève
La Tribune de Genève,
L’invité
13 novembre 2013