Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Hani Ramadan réplique à ses détracteurs

Suite aux réponses suscitées par mon article paru dans Le Temps sur l’islam et la laïcité (15 février 2016), voici quelques observations :

Le débat est introduit en première page sous l’intitulé : « La laïcité incompatible avec l’islam ? Réponses à Hani Ramadan » (Le Temps, 7 mars 2016) Or, je ne me suis pas du tout exprimé de la sorte. J’ai parlé d’une différence doctrinale, tout en introduisant la notion de laïcité inclusive garante du vivre-ensemble souhaité. Il est remarquable de voir que l’ensemble de mes contradicteurs ignorent cette nuance pour s’en tenir à une vision binaire de la question.

Cette regrettable posture est nourrie par la conviction inaliénable de la supériorité d’une laïcité élevée au rang de dogme qui ne souffre aucune contradiction. L’ouverture que nous défendons ne devrait-elle pas commencer par l’aveu modeste qu’il existe des civilisations ?

Je suggère à tous enfin, plutôt que de se focaliser méchamment sur de faux problèmes (combien de minarets vertigineux, combien de femmes portant le voile intégral en Suisse ?), de se remettre aux belles lettres pour éduquer leurs ardeurs. Ecoutons Jean-Jacques pour commencer. Après avoir relevé que dans l’histoire des nations occidentales, il y eut un «  perpétuel conflit de juridiction qui a rendu toute bonne politie[1] impossible dans les Etats chrétiens, et l’on n’a jamais pu venir à bout de savoir auquel du maître ou du prêtre on était obligé d’obéir », Rousseau décrit ainsi le gouvernement laissé par Muhammad, le Prophète de l’islam :

«  Mahomet eut des vues très saines, il lia bien son système politique, et tant que la forme de son gouvernement subsista sous les califes ses successeurs, ce gouvernement fut exactement un, et bon en cela. Mais les Arabes devenus florissants, lettrés, polis, mous et lâches, furent subjugués par des barbares ; alors la division entre les deux puissances recommença… » (Rousseau, Du Contrat social, Livre IV, De la religion civile)

Quelle ouverture d’esprit !

Hani Ramadan

Le Temps, 10 mars 2016

rousseau.jpg

 

[1]Du grec ancien πολιτεία, politeia, lui-même formé à partir du mot πόλις polis «cité». La « politeia », pour Aristote, représente la meilleure forme de gouvernement par le plus grand nombre, et Jean-Jacques Rousseau utilise le mot « politie » en ce sens.

Les commentaires sont fermés.