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Des voix pour Alep dans l’enceinte de l’ONU

24 heures. L’invité, jeudi 6 octobre 2016

Hani Ramadan, directeur du Centre Islamique de Genève, s'indigne tout particulièrement du droit de veto du Conseil de sécurité.

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Alep, avant et après les bombardements

On ne sait plus quoi dire. On ne trouve plus les mots. Le fait que l’on accuse dans l’enceinte de l’ONU, avec l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, la Russie et la Syrie de Bachar de «crimes de guerre», sonne comme une évidence tardive, qui ne peut rien empêcher. Le fait que Samantha Power, l’ambassadrice américaine, ose cette remarque: «Ce que fait la Russie à Alep, ce n’est pas de la lutte contre le terrorisme, c’est de la barbarie», est un discours qui ne nous apprend rien.

Strictement rien. Les mots n’ont plus de sens, s’ils accusent et si l’accusé reste libre de perpétrer ses crimes. Le fait que François Delattre, le représentant français à l’ONU, parle d’Alep comme d’une «ville martyre» au même titre que «Sarajevo pour la Bosnie ou Guernica pour la guerre d’Espagne», révèle bien la teneur de cet humanisme somnolent qui proteste après des horreurs mille fois prévisibles!

Car c’est bien là le paradoxe terrible auquel nous sommes confrontés depuis plus de cinq ans: l’ONU qui donne de la voix aujourd’hui à ceux qui crient au scandale, est exactement la même organisation qui a permis, par son veto odieux, que le régime assassin d’Assad soit d’abord protégé, afin de mener une répression programmée contre tout un peuple.

Alep sous le feu, avec une population de 250 000 habitants, est abandonnée par la communauté internationale pour subir en temps réel des tueries de masse. Episode qui symbolise ce que des centaines d’autres villes et villages ont vécu depuis le début des troubles: un demi-million de victimes au moins, et autant de disparus. Des millions de personnes déplacées, ou réfugiées. Un drame immense devant lequel on reste effectivement sans voix.

Parce que la barbarie liée à ce régime, désormais, n’est pas seulement russe ou syrienne. Non. Elle envahit l’enceinte onusienne. Elle se répand dans les consciences qui ont sciemment – et que l’on ne nous raconte pas d’histoires – laisser faire.

La réalité est que le droit de veto du Conseil de sécurité, accordé uniquement à ses cinq membres permanents, qui leur permet de bloquer toute résolution, quelle que soit l’opinion majoritaire au Conseil, est l’instrument qui a permis à Bachar de poursuivre ses massacres, tout comme il empêche depuis des décennies que la question palestinienne soit résolue de façon équitable.

Il y a là une complicité évidente du système onusien dans les faits, même si de belles paroles humanistes viennent après coup dénoncer les abus. Lorsqu’un cheval boite dangereusement, il ne suffit pas de changer les allures du cavalier. Surtout quand le cheval poursuit son parcours macabre. Et prendre le parti des victimes une fois le crime commis est particulièrement indécent, surtout quand on y a pris part!

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