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LIVRET SUR LA PRIERE EN ISLAM

L’importance de la prière[1]

Si nous étions interrogés de la façon suivante : « Que signifie pour vous le mot criminel ?», les premières idées qui nous viendraient à l’esprit nous renverraient à quelqu’un qui a commis un acte grave, comme un vol ou un assassinat. Or, le Coran évoque une scène de l’au-delà, qui révèle à quel point l’abandon de la prière constitue un énorme péché. Les hôtes du Paradis s’adressent aux malheureux de l’Enfer :

« Dans des Jardins, ils s’interrogeront mutuellement sur les criminels. « Qu’est-ce qui vous a conduits vers le Feu intense ? » Ils dirent : « Nous n’étions pas de ceux qui priaient. Et nous ne nourrissions pas le pauvre. Et nous nous enfoncions dans la futilité avec ceux qui s’y adonnaient. Et nous traitions de mensonge le Jour de la rétribution. Jusqu’à ce que nous vînt la certitude[2]. » (Coran, 74, 40-47)

Ainsi, la première erreur qui est mentionnée dans cette énumération ne consiste pas en un meurtre ou en un vol, mais bien en l’abandon de la prière !

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La prière obligatoire en assemblée dans la mosquée, pour les hommes, a plus de mérite que la prière que l’on accomplit seul. Beaucoup de hadiths vantent les mérites de la prière réalisée en groupe, surtout les prières du ‘isha’ (de la nuit) et du fajr (d’avant l’aube). D’après Abû Hurayra, le Prophète (Dieu le couvre de bénédictions et de paix) a dit : « Si les gens connaissaient les vertus de l’appel à la prière et du premier rang (en prière), et qu’ils n’aient d’autre moyen pour y accéder que le tirage au sort, ils auraient recours à cette méthode. S’ils savaient le mérite qu’il y a à se rendre tôt à la prière, ils feraient la course pour y arriver les premiers. Et s’ils connaissaient les vertus de la prière de la nuit (al-‘ishâ’) et de la prière d’avant l’aube (al-fajr), ils s’y rendraient, serait-ce en rampant ! » (Al-Bukhârî, Muslim)

Ibn ‘Umar a déclaré : « Lorsqu’un homme parmi nous était absent à la prière du ‘ishâ’ ou du subh (du matin, c’est-à-dire d’avant l’aube) en assemblée, nous pensions du mal de lui en le soupçonnant d’être devenu hypocrite. » (….)

 

Entreprendre enfin ce grand voyage

 

L’univers entier est en mouvement, et nous avançons dans le temps vers un terme inéluctable pour chacun d’entre nous. La vie du croyant n’a de sens que dans le cheminement qui le conduit à Dieu. Et la prière symbolise cette approche qui rend l’homme au Seigneur. D’abord debout, puis incliné, puis prosterné, et prosterné à nouveau, chaque geste est une invitation à s’approcher, et s’approcher encore. A s’effacer devant le Créateur suprême, dans la plus grande humilité et la dévotion la plus sincère. Le Prophète (Dieu le couvre de bénédictions et de paix) nous a enseigné que c’est quand il est prosterné que l’homme connaît la plus grande proximité avec Dieu. Autant il s’abaisse, autant Dieu l’élève ; autant il s’humilie devant Celui-là Seul qui mérite son adoration, autant il est honoré.

D’après Anas  Ibn Mâlik, le Prophète (Dieu le couvre de bénédictions et de paix) a dit : « Lorsque l’un d’entre vous prie, il entre certes en conversation intime avec son Seigneur (yunâjî rabbahu). » (Al-Bukhârî) La conversation intime (munâjât) dont il est question comprend deux conditions essentielles : elle suppose que je parle à quelqu’un qui est très proche de moi. Si mon interlocuteur est à quelques mètres, on ne peut parler de munâjât.

Elle suppose aussi qu’un amour profond me lie à celui  avec qui j’entre dans cette conversation intime.

Deux conditions donc : la proximité, et l’amour.

Et Dieu bien sûr demeure au-delà de toute représentation dans le temps et dans l’espace.

Chacun d’entre nous devrait faire de sa prière, réalisée cinq fois par jour, mais aussi au cœur de la nuit, un moment privilégié, merveilleux, où loin du tumulte incessant de la vie, nous nous retirons pour fuir les futilités mondaines, et nous nous écartons de toute chose pour nous tourner exclusivement vers Dieu.

 

Et dans cette intimité vraie et lumineuse, aimer de tout notre cœur Celui à qui nous devons tout. 

 

 

 

[1] Deux extraits de L’importance de la prière et ses influences bénéfiques, par Hani Ramadan, éditions ALQALAM, Paris 2016.

[2] La certitude a ici le sens de la mort.

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