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Réponses sur la lapidation

Lettre ouverte à John Goetelen

Je prends la peine de vous répondre, Cher Monsieur, en vous priant d’excuser un retard dû à un début de ramadan comme toujours très chargé.

Vous avez choisi de m’infliger la « question laïque » en me sommant de rejeter la lapidation, ou d’abjurer ma foi ! Laissez-moi vous dire que votre entrée en matière dénote une maladresse qui est très comparable à celle que vous avez commise, lorsque, témoin scandalisé du martyre de Doua - cette jeune femme massacrée à coups de pierres en Iraq par un groupe d’hommes lâches - vous avez mis cela sur le compte de l’islam, avant de vous apercevoir que cette femme subissait la vengeance de sa tribu non musulmane, qui précisément lui reprochait d’être tombée amoureuse d’un musulman ! Soit dit en passant, dans un Etat islamique appliquant la sharî‘a, les individus qui se sont comportés ainsi avec cette malheureuse victime, de même que ceux qui assistaient à la scène en la filmant sur leurs portables,  seraient immédiatement traduits en justice et passibles de la peine capitale.

En tant que croyant musulman convaincu, je n’ai pas à me prononcer sur la validité de la loi divine. Essayez de comprendre une chose : je ne peux être contre le jour ou la nuit, contre le soleil ou la lune, contre la mort ou la vie, contre la santé ou la maladie. Il existe une réalité physique, qui est l’expression de la volonté divine, tout comme il existe une loi morale et divine, qui ne dépend pas de moi. La lapidation de l’homme comme de la femme adultères, la peine de mort, le fait de couper la main du voleur sont inscrits dans les sources de la législation islamique, le Coran et/ou la Sunna (paroles, actions et approbations du Prophète Muhammad). Mais les conditions de leur application sont tellement restrictives, que ces peines pénales relèvent surtout de la dissuasion. Elles sont pratiquement irréalisables.

La Bible relate que le fils d’une femme israélite avait blasphémé le Nom de Dieu. « Alors le Seigneur adressa la parole à Moïse : « Fais sortir du camp celui qui a insulté (…) et que toute la communauté le lapide. Et tu parleras ainsi au fils d’Israël : Si un homme insulte son Dieu, il doit porter le poids de son péché ; ainsi celui qui blasphème le Nom du Seigneur sera mis à mort. » (Lévitique, 24, 13-16)

A mon tour de vous poser quelques questions : Seriez-vous prêt à déclarer publiquement que les juifs qui appliquaient de telles lois étaient des barbares sanguinaires ? Que les rabbins qui soutiennent que la Tora est bien une révélation dictée et un guide pour l’humanité sont des fanatiques enkippatés ? Pensez-vous que certains chroniqueurs suisses du Matin dimanche, ou quelques intellectuels parisiens en chemise blanche assis confortablement sur leurs certitudes laïcisantes, auraient le courage de faire étalage de leur esprit critique à cet endroit ? Que le cortège vociférant d’une poignée de féministes enragées se livrerait à un même combat ? Que nos élus genevois, qui ont prêté serment sur la Bible, montreraient une claire réprobation ?

Ou bien décidément  vous est-il plus facile de vous en prendre au musulman que je suis ?

Je parle de la Bible. Je parle des juifs et de la loi révélée à Moïse.

J’ajoute que le Coran qualifie Moïse de « noble Messager » (Coran, 44, 17).

J’attends donc que vous vous exprimiez ouvertement et sans détour sur ce point, ou alors, je vous invite à vous taire : Ces israélites étaient-ils des barbares sanguinaires ?

Comme vous, j’ai été horrifié et scandalisé par les images qui montraient Doua le corps en partie dénudé, agonisante, livrée à la violence de ces hommes qui lui infligeaient à tour de rôle un supplice intolérable. Mais il ne faut pas confondre le crime et la perspective du châtiment dissuasif. Il faut se rappeler que l’islam est une religion qui comprend également, comme dans le christianisme, la dimension du pardon.

En clair, ma foi me dicte d’être convaincu que la loi de Dieu est supérieure à celle des hommes, et que l’humanité gagnerait à l’appliquer avec toutes ses composantes, qui établissent un équilibre salutaire entre la justice et la miséricorde, la dissuasion et le pardon. Je ne puis qu’en témoigner. Je ne m’en fais pas le défenseur. Et j’ajoute que cela ne signifie nullement que je remette en cause l’obligation qui est la mienne de respecter les lois de mon pays, précisément parce  qu’elles garantissent ma liberté de conscience et de foi.

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