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Initiative anti-minarets

Trois raisons de dire non

 

Le Conseil fédéral a pris la décision de mettre rapidement un terme à la polémique sur l’initiative contre les minarets, annonçant que son message au Parlement serait remis le 15 septembre. Il faut effectivement en finir avec des prises de positions qui sont indignes des valeurs universelles que défend notre pays, et cela pour au moins trois raisons.

D’abord, les arguments du “ Comité d’Egerkingen ”, à l’origine de cette initiative, sont faibles et grossiers. Sur le site des contestataires, le minaret est présenté comme un symbole de guerre et de conquête. Il exprime “ la volonté d’imposer un pouvoir politico-religieux ”. Les initiateurs mettent en garde le peuple contre l’idée “ d’ériger, au nom d’une prétendue liberté religieuse, des symboles du pouvoir qui rejettent toute tolérance religieuse. ” Or, le minaret est un élément architectural qui fait partie de la culture islamique, sans pour autant relever d’une quelconque obligation religieuse. Vouloir en faire un symbole politique est une démarche intellectuellement malhonnête, qui prend moins en compte la réalité de l’islam, que la volonté de susciter la crainte.

Ensuite, cette initiative entre en contradiction avec l’esprit de notre Constitution. L’ancien juge fédéral Giusep Nay est allé même jusqu’à appeler le Parlement à ne pas mettre le texte en votation populaire, le considérant comme anticonstitutionnel. Dans le cadre de l’Etat de droit, tous les lieux de cultes devraient être conditionnés par la même réglementation en ce qui concerne leur construction. On ne peut interdire le minaret, si l’on n’interdit pas du même coup le clocher, ou alors, on cautionne ouvertement une forme de discrimination religieuse inadmissible pour qui possède une once de citoyenneté.

Enfin, cet initiative est mauvaise pour l’image de notre pays. La Suisse doit se donner l’ambition d’être un exemple de coexistence pacifique de toutes les cultures. Comment d’autres interpréteront-ils ce refus des minarets ? Comme une mesure qui vise l’humiliation d’une communauté qui dans sa grande majorité n’est pas assimilable à l’intégrisme. L’Albanais, comme le Turc, comme l’Iranien, comme le Pakistanais, comme le Sénégalais connaissent tous le minaret qui orne les mosquées du monde musulman. Tous seront pareillement choqués. Quelles réactions viendront par ailleurs de l’extérieur et du monde musulman ? Déjà en mai 2007, notre Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey avait déclaré que cette initiative “ met la sécurité des intérêts suisses, des Suissesses et des Suisses en danger ”, en ajoutant que “ la liberté de pratiquer une religion est garantie en Suisse. ”

 

Parce qu’il est essentiel de refuser les amalgames qui font d’un édifice de foi une arme de guerre, qui conduisent à une forme évidente de discrimination religieuse, et qui sont susceptibles d’alimenter les tensions dont personne ne veut – sauf ceux qui se déterminent politiquement par la peur et la haine – il faut donc résolument et démocratiquement rejeter cette malheureuse initiative.

 

 

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