La tradition prophétique comprend un avertissement clair contre les mauvais savants, qui subiront le pire châtiment au Jour de la résurrection.
Il est donc important, mes chers frères et sœurs en Islam, de savoir faire la distinction entre les bons et les mauvais savants, ou les savants de l’au-delà et les savants de ce bas monde, entre ceux qui aspirent à Dieu et au Paradis, et ceux qui recherchent, par leur savoir, les biens et les honneurs de la vie présente.
Le Prophète a dit : « N’acquérez pas la connaissance afin de faire vaniteusement concurrence aux savants, de contredire orgueilleusement les sots, d’attirer vers vous les visages des gens. Celui qui agit ainsi est dans le Feu. » (Ibn Mâja, avec une bonne chaîne de transmission, al-Hâkim et Ibn Hibbân)
Le Prophète a dit aussi : « En dehors de l’imposteur (le dajjâl), j’ai certes plus de crainte pour vous que je ne crains pour vous l’imposteur. » On demanda : « De quoi donc ? » Il répondit : « Des imams qui égarent. » (Ahmad, avec une bonne chaîne de transmission)
Il a été rapporté que Jésus – la paix soit sur lui – a dit : « Pendant combien de temps décrirez-vous le chemin au voyageur nocturne, alors que vous vous tenez avec les égarés ? »
Al-Hasan al-Basrî a déclaré : « Ne sois pas comme celui qui rassemble le savoir des savants, les mots d’esprit des sages, et qui agit comme les sots. »
Ibn al-Mubârak a dit : « L’homme ne cesse d’être savant tant qu’il recherche le savoir. S’il pense avoir acquis la science, il est certes devenu ignorant. »
Usâma Ibn Zayd a affirmé : « J’ai entendu le Messager de Dieu dire : « On fera venir un homme[1] au Jour de la résurrection, et il sera jeté dans le Feu. Ses intestins sortiront en traînant dans le Feu, et il les broiera en tournant tel l’âne tournant autour de sa meule. Les gens de l’Enfer se rassembleront autour de lui et lui diront : « Ô untel, que t’arrive-t-il ? Ne nous ordonnais-tu pas de faire le bien et ne nous interdisais-tu pas de faire le mal ? » Il dira : « Je vous ordonnais de faire le bien, et je ne le faisais pas moi-même. Et je vous interdisais de faire le mal, et je le faisais. » (Al-Bukhârî, Muslim)
Ces paroles du Prophète nous montrent que le savant qui agit en vue de ce bas monde est plus vil que l’ignorant et subira un châtiment plus grand.
L’imam al-Ghazâlî a relevé un certain nombre de signes distinctifs qui caractérisent ceux qui parmi les savants sont des hommes de bien.
Premier signe distinctif : ils ne recherchent pas le bas monde par leur savoir. Le moindre degré qu’occupe le savant en effet, c’est celui qui lui permet de mesurer le caractère éphémère et insignifiant de la vie présente, les désagréments qui lui sont nécessairement liés ; comparés à l’immensité et l’éternité de la vie dans l’au-delà, à la pureté de ses délices et à sa magnificence. Il sait que ces deux vies sont contraires : elles sont comme les deux plateaux d’une balance : l’un ne l’emporte qu’au détriment de l’autre.
Celui qui sait cela, puis qui n’accorde pas sa préférence à l’au-delà sur ce bas monde, est prisonnier du diable. Sa passion le perd, et il est dominé par le malheur.
Comment donc pourrions-nous compter au nombre des savants celui qui occupe un tel rang ? C’est pourquoi al-Hasan – que Dieu lui fasse miséricorde – a dit : « Le châtiment des savants, c’est la mort du cœur. Et la mort du cœur, c’est de rechercher le bas monde par les actes de l’au-delà. »
‘Umar – que Dieu soit Satisfait de lui – disait : « Si vous voyez le savant aimé le bas monde, jugez de sa déficience en regard de votre religion. Toute personne qui aime se plonge dans ce qu’elle aime. »
Yahyâ Ibn Mu‘âdh ar-Râzî disait aux savants de ce bas monde : « Ô gens du savoir ! Vos palais sont césariens, vos maisons sont chosroèsiennes (de Chosroès, empereur de Perse), vos vêtements sont tahériens (d’un dénommé Tâhir Ibn al-Husayn connu pour l’exagération de ses parures vestimentaires), vos chaussures sont goliathiennes (allusion au tyran Goliath), vos montures sont qârûniennes (de Qârûn – Coré – l’homme richissime qui faisait partie du peuple de Moïse), vos récipients sont pharaoniques, vos festins sont immoraux, vos opinions sont démoniaques ; - où donc est passée la loi muhammadienne ? »
Un poète a dit en substance :
Le berger protège ses brebis contre le loup.
Qu’en est-il donc si les bergers sont des loups ?
En d’autres termes, si les savants sont assoiffés de reconnaissance et des biens de ce monde, rien ne peut protéger la communauté.
Sahl a affirmé : « Le savoir est entièrement un élément de ce bas monde. La part qui en revient à l’au-delà, c’est de le mettre en pratique par l’action. Or l’action est entièrement peine perdue, sauf ce qui est accompli avec sincérité. » Sahl dit aussi : « Les hommes sont tous morts, sauf les savants. Les savants sont tous des (rêveurs) ivres, sauf ceux qui agissent. Et ceux qui agissent sont tous trompés par la vanité, sauf ceux qui sont sincères. Et celui qui est sincère vit dans la crainte, jusqu’à ce qu’il sache comment les choses vont se terminer pour lui. »
Et d’après Abû Hurayra – que Dieu soit Satisfait de lui – le Messager de Dieu a dit : « Celui qui se met en quête d’un savoir par lequel est recherché le Visage de Dieu le Très-Haut, pour obtenir un bien éphémère de ce bas monde, il ne sentira pas l’odeur du Paradis au Jour de la résurrection. » (Abû Dâwûd, Ibn Mâja, avec une bonne chaîne de transmission)
Mes chers frères et sœurs en Islam,
Il nous faut donc distinguer, parmi les savants, ceux qui sont authentiquement des adorateurs de Dieu : la première de leur caractéristique, que nous avons vu aujourd’hui, est qu’ils agissent sincèrement en vue de l’au-delà, leur cœur étant détaché de ce monde.
Nous demandons à Allah qu’Il guide nos cœurs, augmente notre savoir et accepte nos œuvres.
Allâhumma âmîn !