D’un modeste citoyen de Genève
Monsieur le président,
En recevant en grande pompe à Paris le criminel Abdel Fatah al-Sissi, vous n’avez pas seulement commis une faute, vous avez tout simplement trahi les valeurs de tout Etat de droit.
Al-Sissi est un militaire qui a usurpé le pouvoir en massacrant les civils qui ont contesté son coup d’Etat. Les ONG et les organisations des droits de l’homme ont clairement dénoncé des actes qui entrent dans la catégorie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Al-Sissi a fait jeter en prison plus de 40 000 citoyens dont le seul tort a été et est de réclamer le respect de la voix des urnes, contre le diktat de la force des armes.
Il a incarcéré des jeunes étudiantes et étudiants, par milliers, qui ont subi la torture, le viol, et une répression sauvage ne connaissant pas de limite.
Il a dispersé tous les rassemblements pacifiques dans la violence et le sang, donnant aux policiers et aux militaires le droit de tuer des civils, alors que ces derniers avançaient – et continuent d’avancer – mains nues.
Il s’est acharné contre les habitants du Sinaï, détruisant des centaines de maisons, tuant des innocents, dont beaucoup d’enfants, et agissant clairement selon les intérêts de l’alliance américano-sioniste dans cette région.
Al-Sissi n’est pas un dirigeant légitime, sur qui on peut fonder l’espoir de voir émerger en Egypte une réelle démocratie. Al-Sissi est exactement le contraire de cela : il est le dictateur militaire qui ruine par sa présence nuisible le processus de libération du peuple égyptien.
Vous auriez dû, Monsieur le président, tirer les leçons du passé. Voyez combien est honnie par tous cette déplorable image où l’on voit Sarkozy, votre prédécesseur, serrant la main ensanglantée de Kadhafi.
Après la chute du dictateur ami, il est des alliances qui font honte.
C’est exactement le sort qui va vous être réservé, par la grâce de Dieu.
Le peuple égyptien gronde contre la répression. Difficile, dans les salons feutrés de l’Elysée, et filtrés par vos conseillés sionistes, d’en percevoir la profondeur.
Monsieur le président,
Aussi vrai que mon cousin Khalid al-Banna, médecin pacifique Frère musulman de moins de trente ans, a été assassiné par l’armée d’al-Sissi le 16 août 2013, aussi vrai que des dizaines de milliers de mères pleurent aujourd’hui leurs révolutionnaires détenus, abattus sans droit, - sachez que nous allons balayer al-Sissi et toute sa clique de voyous, chantres d’un Etat policier abject. Nous allons les combattre par tous les moyens pacifiques, selon le mot d’ordre lancé par le seul président légitime à ce jour en Egypte, le Dr Mohamed Morsi.
Nous lutterons jusqu’à ce que le « maréchal » finisse, comme le colonel Kadhafi, mais aussi comme tous les assassins, les tyrans et les traîtres, dans les poubelles de l’histoire.
Monsieur le président,
Par cette odieuse réception qui a heurté toutes celles et tous ceux à qui il reste une once de dignité – musulmans engagés, laïcs soucieux de la défense des droits humains, humanistes convaincus – vous avez définitivement perdu la face.
Les urnes vous le feront prochainement savoir.
Hani Ramadan
Directeur du Centre Islamique de Genève