Dieu dit à Abraham : « Et fais aux gens une annonce pour le hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné, pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom de Dieu aux jours fixés, sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée. » (Coran, 22, 27-28)
Celui qui observe attentivement les différentes phases du rituel du hajj, du pèlerinage, décèle ces avantages et constate que l’invocation de Dieu est centrale dans cette pratique.
La première chose qui incombe à celui qui se décide à accomplir le pèlerinage, c’est d’agir avec l’intention de rechercher en cela l’agrément de Dieu. Dieu n’accepte pas le pèlerinage de la personne qui s’engage par ostentation, pour acquérir une bonne réputation parmi ses semblables.
L’état de sacralisation comprend deux aspects : un aspect visible, qui consiste pour l’homme à se débarrasser de tout vêtement dont les pièces sont cousues selon la forme du corps et des membres, et à s’interdire tout ornement vestimentaire qui embellit le corps, et aussi le parfum, le fait de se raser ou de se couper les cheveux, ainsi que tout ce que Dieu a interdit. Le Coran affirme : « Pas de rapport sexuel[1], pas de perversité, pas de dispute pendant le hajj. » (Coran, 2, 197)
L’autre aspect est audible : il consiste à prononcer la talbiya : « Je viens à Toi, ô Grand Dieu, je viens à Toi. Je viens à Toi, Tu n’as pas d’associé. Te reviennent à Toi Seul la louange, le bienfait, et la royauté. Tu n’as pas d’associé. »
Arrivé à La Mecque, le pèlerin va tourner autour de la Maison Sacrée, en commençant au niveau de la pierre noire. ‘Umar – que Dieu soit satisfait de lui – avait dit une parole restée célèbre : « Tu es une pierre qui ne peut ni nuire, ni être d’un avantage quelconque, et si je n’avais vu le Messager de Dieu (Dieu lui accorde bénédiction et paix) t’embrasser, je ne t’aurais pas embrassée. »
Après quoi, le pèlerin se rend à As-Safâ et Al-Marwa. Par ses allées et venues, il marque ainsi son désir d’obtenir le pardon de Dieu. Il se rappelle l’état dans lequel s’était trouvée Hâjar, alors qu’elle recherchait de l’eau pour son fils. Elle en découvrit la source, et cette eau bénie fut à l’origine de la vie et du peuplement de La Mecque.
Il appartient à Dieu de nous imposer le rituel dont Seul Il a décidé. Il appartient aux croyants de Lui obéir en tous les cas. Tout comme Il nous a imposé de nous tourner vers La Mecque lorsque nous prions, et vers le ciel lorsque nous L’invoquons.
Le pilier essentiel du hajj, c’est bien entendu la station de ‘Arafat. Ce qui veut dire qu’il faut absolument s’y tenir. Le Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Le hajj, c’est ‘Arafat ». Alors, le pèlerin doit se présenter à Dieu, conscient de sa faiblesse, conscient de ses fautes, dénué de toute force et de tout pouvoir, loin des choses matérielles de la vie. D’après Jâbir, le Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Il n’est de jour qui soit meilleur auprès de Dieu que le jour de ‘Arafat. Dieu – Béni et Exalté soit-Il – descend dans le ciel de ce monde, et Il vante auprès des habitants du ciel les habitants de la terre en disant : « Regardez Mes adorateurs. Ils sont venus à Moi échevelés, couverts de poussière, présentant leurs offrandes. Ils sont venus de tout chemin éloigné, espérant Ma miséricorde, et n’ayant pas vu Mon châtiment. » On n’a pas vu de jour où les hommes sont affranchis du Feu en grand nombre, autant que le jour de ‘Arafat ! » (Abû Ya‘lâ, Al-Bazzâr, Ibn Khuzayma)
Et d’après Abû Ad-Dardâ’ – que Dieu soit Satisfait de lui – Le Prophète (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « On n’a pas vu de jour où le diable est autant humilié, repoussé et irrité que le jour de ‘Arafat. Cela ne vient que de ce qu’il voit descendre de la miséricorde, et du fait que Dieu pardonne les grands péchés. Sauf ce qu’il a vu le jour (de la bataille) de Badr. » On demanda : « Et qu’a-t-il vu le jour de Badr, ô Messager de Dieu ? » Il répondit : « Il a certes vu Gabriel conduisant les Anges. » (Rapporté par Mâlik et Al-Hâkim)
Après la station de ‘Arafat, le pèlerin déferlera vers Al-Muzdalifa, et se rappellera Dieu vers le lieu appelé Al-Mash‘ar Al-Harâm. comme il est dit dans le Coran : « Puis, quand vous déferlez depuis ‘Arafât, invoquez Dieu à Al-Mash‘ar Al-Harâm. » (Coran, 2, 198)
Au matin du 10 de dhu -l-hijja, il se rend à Minâ pour y jeter sept cailloux sur la grande stèle. Le jet de pierres constitue un symbole par lequel l’adorateur confirme sa volonté d’abandonner ses mauvais penchants. Le fait de répéter le geste est une façon de marquer sa résolution.
Puis il aura encore à présenter un sacrifice si la chose est obligatoire pour lui, puis il se rasera ou se coupera les cheveux, et enfin il tournera sept fois, obligatoirement, autour de la Maison Sacrée (Tawâf al-Ifâda).
Lorsque, après avoir passé trois ou quatre jours à Minâ, le pèlerin quittera La Mecque, il accomplira encore sept tours autour de la Maison Sacrée (Tawâf al-Wadâ‘). Une façon pour lui de demander à Dieu la permission de quitter la terre sacrée. Une façon aussi de renouveler son engagement de rester fidèle à Dieu, de respecter les principes de la foi et de la loi. Ainsi, le pèlerin revient vers les siens renforcé dans sa vie spirituelle, purifié de ses péchés. Dieu affirme dans le Coran : « Et prenez vos provisions, et certes, la meilleure des provisions est la piété. » (Coran, 2, 197)
D’après Abû Hurayra, le Messager de Dieu (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Celui qui accomplit le pèlerinage, et qui ne s’y livre à aucune indécence, ni a aucune perversité, revient comme le jour où sa mère l’a enfanté. » (Al-Bukhârî, Muslim)
Et d’après Abû Hurayra encore, le Messager de Dieu (Dieu lui accorde bénédiction et paix) a dit : « Le fait de faire suivre un petit pèlerinage par un autre permet l’expiation des péchés commis entre deux ; et un grand pèlerinage pieusement accompli[2] n’a pas d’autre récompense que le Paradis. »
(Extrait de Sermons du vendredi, éditions Tawhid)
[1]Le mot rafath désigne aussi bien les rapports sexuels que les propos grossiers relatifs à la sexualité, ainsi que les préliminaires amoureux.
[2]« Pieusement accompli »: Pendant lequel on ne commet pas de péché, en ne disant que du bien et en faisant preuve de générosité et de bonté vis-à-vis des plus démunis.