Saison prodigieuse
Le soleil d’avril a peine
A réchauffer mes quatre-vingt printemps.
Enveloppée de mon manteau de laine,
Voûtée sur les planches fanées d’un vieux banc,
J’envie en mon crépuscule,
La fraîche parure des cerisiers triomphants.
Pétales d’un blanc vif, radieux, éclatants,
Beauté figée, imperturbable,
Sculptée de sève et de lumière,
A tous les hommes, criant victoire,
A toutes les âmes, jetant l’espoir
D’une vie nouvelle après l’hiver…
Fleuriste en herbe
Pour toi je composerai
Le plus farfelu des bouquets.
Je dompterai les fleurs sauvages,
Aussi rebelles soient-elles.
Une fois devenues sages,
Je les saupoudrerai
D’une pincée de fleur de sel.
Je partirai à la conquête
De fleurs astrales, dont les têtes
Rappellent tout autant de soleils,
Les étoiles des champs, dont Van Gogh s’émerveille.
Loin des terres arables,
Où la pluie se fait rare,
Où le vent et le sable
Murmurent des histoires
Et sculptent patiemment
De ces fleurs friables,
Je t’offrirai maman,
Une rose des sables.