Il neige !
Sensation extrême en ce matin d’automne,
Un air de Sibérie a envahi Paris.
Telles des fleurs de coton en un champ qu’on moissonne,
Le ciel défait ses mailles qui tombent en confettis.
Chatouillant l’enfant qui sommeille en vous, frisson délicieux…
Sur ma langue et sur ma paume bleue.
Tissés d’eau, les flocons fileront
Aussitôt, fondant sous la chaleur de mon exultation.
Flocons de paix sous la voûte laiteuse,
Scintillante clarté, intempérie heureuse.
Blancheur qui illumine la grisaille de la vie,
Douceur enchanteresse... Vous succombez, conquis !
Artifices
Sous la voûte céleste, les yeux grands ouverts
En cette nuit festive,
Grands et petits se sont blottis sur la rive,
Pour admirer l’éclat des bouquets de lumières.
D’un même émoi,
D’une seule voix,
A chaque ombrelle lumineuse
Comme une seule âme
C’est l’extase… Sur les notes harmonieuses
D’un Lac des Cygnes en proie aux flammes.
Eblouis par l’éventail de couleurs,
Le tumulte au-dessus de leurs têtes moroses
Leur fait oublier l’aigreur
L’espace d’une parenthèse grandiose.
Mais telles des chimères,
Bientôt, les tableaux éphémères
S’évanouissent dans un grondement sourd.
En-deçà des écrans de fumée, les fardeaux sont bien lourds.
En mon refuge, en Sa présence,
Loin des fracas furieux de l’insouciance,
Des artifices creux, coûtant une fortune,
Ce soir je n’avais d’yeux que pour la lune…