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Le Tout-Puissant, pas la finance !

Les premiers mots de notre Constitution helvétique comprennent en préambule cette belle expression : « Au nom de Dieu Tout-Puissant ! » Cette mention n’est pas anodine. Elle a signifié que notre pays s’est fondé par le passé sur un élan civilisationnel qui reconnaît un Créateur dont la volonté impose de hautes valeurs humaines. L’image de la Suisse correspond aujourd’hui encore à cette mission universelle : le berceau d’Henry Dunant est reconnu pour les aides humanitaires conséquentes qu’il apporte à travers le monde, mais aussi pour son rôle de médiateur avisé entre belligérants. Hélas, il semble que cet emblème se soit écorné depuis, et en voici deux exemples :

Dans une chronique internationale (Tribune de Genève-TDG, 23 août 2024), Madame Rizwana Ilham, présidente de l’Association Ouïghours Suisse, affirme en parlant de la Chine qu’elle « a du mal à comprendre comment la Suisse a pu conclure un accord de libre-échange, il y a dix ans de cela, avec un régime responsable d’autant de souffrances. »  Situation qui touche aussi les Tibétains. La réponse est claire : le Conseil fédéral, qui n’ignore pas les exactions commises par le « parti communiste chinois », fait passer les intérêts économiques de sa place financière avant les valeurs morales qui dicteraient plutôt de défendre des populations écrasées par le régime de Pékin.

Peu importe si tout cela n’est pas très éthique, l’essentiel est d’agir dans le cadre de la légalité que l’on se donne. C’est le même raisonnement qui a fait bondir des élus helvétiques, lorsqu’ils ont appris que la Suisse exporte vers Israël du matériel « à double usage », à des fins civiles, mais aussi à des fins militaires ! (TDG, Israël combat avec du matériel romand à Gaza, par Thibault Nieuwe Weme, 23 août 2024) Pratique dite « légale ». Vraiment ?  Cela nous interroge.

Quel malheur de voir des hommes politiques se satisfaire de cette légalité de façade, quand les populations civiles palestiniennes sont soumises à des bombardements ! Notre pays en paie déjà le prix : pris dans le filet de ses amitiés « Suisse-Israël », il a perdu son rôle de médiateur sur ce conflit majeur. Quant à sa « neutralité relative », elle est mise à mal au profit de considérations purement économiques.

Il est impératif de revenir à nos origines humanistes. Le Tout-Puissant, ce n’est pas la finance.

Hani Ramadan,

Directeur du Centre islamique de Genève

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