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Semaine contre le racisme au CIG

 

Le voile, faux problème mais vraie ségrégation, par Yvonne BERCHER

 

Un grand merci au Bureau de l’intégration de Genève, dont le chef, André Castella, poursuit inlassablement la rude tâche qui consiste à combattre le racisme sous toutes ses formes.

Samedi dernier (24 mars 2012), au Centre Islamique de Genève, il a captivé l’attention de ses auditeurs, en rappelant que si les races n’existent pas, le racisme est, lui, malheureusement bien réel.

 

Madame Yvonne BERCHER a eu quant à elle la gentillesse de nous envoyer ce compte-rendu de la rencontre du vendredi 23 mars 2012. Nous en livrons à nos lecteurs un extrait.

Le voile, faux problème mais vraie ségrégation

Un film pour lancer le débat

Le 23 mars dernier, dans le cadre de la semaine contre le racisme, le Centre islamique des Eaux-Vives projetait le film «Regards sur le voile». Sa réalisatrice, Vanessa LANGER, une jeune anthropologue non musulmane, était présente. Une cinquantaine de personnes, en majorité des femmes, avaient trouvé place dans une petite salle d’étude du Centre islamique, que son décor pourrait situer n’importe où, dans le monde musulman.

Alors que l’on s’attendait à une approche frontale des connotations politiques et/ou religieuses du voile, et de leurs conséquences, le film déconcerta, voire choqua. En effet, dans cette projection d’environ une demi-heure, tournée à Sanaa, au Yémen, contrée très religieuse, la quasi-totalité des femmes interrogées s’exprimait avec un luxe de détails inouï sur les aspects les plus superficiels du voile, se cantonnant à des questions d’apparence.

Une croyante, approuvée par ses sœurs, se récria : «Porter le foulard est un acte d’adoration, ce n’est pas une futile question de mode !»

Interpellée, la réalisatrice, souriante et rompue au dialogue, expliqua qu’elle avait adopté une approche «non victimisante» et qu’elle n’avait pas d’autre prétention que de «lancer le débat», pari réussi !

Comme il fallait s’y attendre, la question de la difficulté pour les femmes voilées de trouver du travail fut abordée, comme celle des insultes qu’elles essuient trop souvent. Avec brio et conviction, une participante exposa la contradiction qu’expriment ceux qui refusent d’embaucher des femmes qui portent le hijab. «On se plaît à voir les femmes voilées comme des femmes soumises, illettrées, incapables de se débrouiller. Et lorsque, démontrant le contraire, elles font état de leurs compétences et postulent pour un travail où elles pourraient mettre en valeur leurs capacités, on les renvoie à la maison.»

Une convertie, de nationalité suisse, souligna la nécessité d’affirmer son identité de musulmane, et de déconstruire, pas à pas, les connotations péjoratives que l’ignorance fait coller à ce vêtement. Elle encouragea ses sœurs à s’engager, dans les comités de quartier, les associations de parents d’élèves, et autres groupements qui donnent l’occasion de montrer qu’une femme voilée est une femme comme les autres. D’autres participantes prirent le relais. Elles évoquèrent le colossal travail d’information qui reste à faire. Il s’agit d’aller au-devant de ceux qui voudraient exclure tout ce qui ne correspond pas au standard occidental prédominant et il faut vaincre les peurs.

Enfin, une jeune femme releva que, pour une étrangère, la tendance est de se faire la moins visible possible, car c’est déjà assez dur de s’adapter, de faire face aux inéluctables réactions xénophobes. Dans un élan venu du cœur, l’ardente convertie rétorqua : «C’est notre rôle d’être aux côtés de ces femmes.» Qu’ajouter à cette magnifique leçon de solidarité et d’humanité ?

Enfin, c’est un bon père de famille, qui à propos de ses filles, apporta la conclusion du débat. En fin de compte, la seule chose qui compte n’est-elle pas le consentement éclairé et libre de celle qui choisit, ou non, de porter le voile ?

 

Yvonne BERCHER

Dr en droit.

 

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