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La sincérité (as-sidq)

Dieu – Exalté soit-Il – dit dans le Coran : « Ô vous qui avez cru, craignez Dieu et soyez avec ceux qui sont véridiques (sâdiqin)» (Coran, 9, 119)images sidq.jpg


Le mot sâdiq est le participe actif du verbe sadaqa, qui signifie : être vrai, sincère dans ses paroles, dire la vérité.

D’après ‘Abdu-Llâhi Ibn Mas‘ûd, le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit : « Il vous incombe d’être véridiques. La véracité conduit certes à la bonté pieuse, et la bonté pieuse conduit certes au Paradis. Et l’homme ne cesse de dire la vérité, et de rechercher la véracité, jusqu’à ce qu’il soit inscrit auprès de Dieu comme étant un grand véridique (siddîq). Et gardez-vous du mensonge. Le mensonge conduit certes à l’impiété, et l’impiété conduit certes en Enfer. Et le serviteur ne cesse de mentir, et de rechercher la fausseté, jusqu’à ce qu’il soit inscrit auprès de Dieu comme un grand menteur. » (Al-Bukhârî, Muslim)

Bishr al-Hâfî a affirmé : « Celui qui se comporte avec Dieu avec vérité finit par trouver lourde la compagnie des hommes. »

Comme nous l’a enseigné le grand imâm al-Ghazâlî, ce mot  sidq, que nous traduisons par vérité, sincérité, franchise, et plus exactement encore par véridicité, ce mot comprend des usages et des significations différentes :

 

Le premier s’entend au niveau de la parole. Tout serviteur a l’obligation de surveiller son langage et de ne dire que la vérité, de ne parler qu’avec franchise. Ce sens qui se rapporte au discours est celui qui est le plus connu des gens, et le plus apparent. Le serviteur doit aussi se garder de tenir des propos obscurs destinés à voiler la vérité, car cette attitude est proche du mensonge, sauf si cela est nécessaire, et permet de préserver l’intérêt général dans certaines circonstances. Par exemple, lorsque le Prophète (000) allait en expédition, il lui arrivait de dissimuler la chose, en laissant penser qu’il suivrait une autre destination, afin que l’ennemi n’en soit pas informé et ne puisse se préparer au combat. Le Prophète (Dieu le couvre de Sa bénédiction) a par ailleurs dit : « Le grand menteur n’est pas celui qui cherche à réconcilier les personnes, qui veut répandre le bien ou qui dit du bien. » (Al-Bukhârî, Muslim) Rappelons que le mensonge est strictement interdit en Islam, sauf dans trois cas : 1) En état de guerre, par stratagème contre l’agresseur. 2) Pour réconcilier des personnes qui se sont disputées. 3) Entre époux, par exemple au niveau des paroles douces que les conjoints échangent par tendresse, ce qui renforce le lien conjugal.

Lorsqu’il s’exprime et s’adresse à son Seigneur, il convient également que l’adorateur porte une attention sincère sur le sens des paroles qu’il prononce.

Par exemple, lorsqu’il dit : « Je tourne mon visage vers Celui qui a créé les cieux et la terre (wajjahtu wajhiya lilladhî fatara s-samâwâti  wa -l-ard), si au moment de dire cette parole, son cœur est distrait de Dieu et occupé à quelque affaire mondaine, c’est un menteur. Et lorsque tu dis : « Allâhu Akbar, Dieu est plus Grand », toi qui pries, que ton cœur ne démente pas ce que dit ta langue, car s’il y a dans ton cœur quelque chose qui est pour toi plus grand que Dieu – Exalté soit-Il – cela signifie que tu as menti.

 

Le sens second du mot sidq s’entend au niveau de l’intention et de la volonté, et se rapporte à la sincérité (al-ikhlâs) Lorsque l’homme mêle à son action une part qui revient à son ego, alors qu’il ne devrait agir qu’en vue de Dieu Seul, la sincérité de son intention n’est plus valable. On peut considérer que celui qui agit ainsi est un menteur, comme on peut l’observer dans le hadith suivant : D’après Abû Hurayra, le Messager de Dieu (paix et bénédiction sur lui) a dit : « Parmi les gens, le premier que l’on jugera au Jour de la résurrection sera un homme qui est mort en martyr. On l’amènera et Dieu lui fera reconnaître Ses bienfaits, qu’il reconnaîtra. Il lui dira : « Qu’en as-tu fait ? » Il Lui répondra : « J’ai combattu pour Toi jusqu’à connaître le martyre ! » Dieu dira : « Tu as menti. Mais en vérité, tu as combattu pour que l’on dise : « Il est courageux. » Et c’est bien ce que l’on a dit ! » Puis il sera ordonné qu’il soit traîné face contre terre jusqu’à ce qu’il soit jeté dans le Feu.

Il y aura un homme qui a acquis la connaissance et l’a enseignée, et qui a récité le Coran. On l’amènera et Dieu lui fera reconnaître Ses bienfaits, qu’il reconnaîtra. Il lui dira : « Qu’en as-tu fait ? » Il Lui répondra : « J’ai acquis la connaissance et je l’ai enseignée, et j’ai récité pour Toi le Coran. » Dieu dira : « Tu as menti. Mais en vérité, tu as acquis la connaissance et tu l’as enseignée pour que l’on dise que tu es un savant. Et tu as récité le Coran pour que l’on dise : « C’est un lecteur du Coran. » Et c’est bien ce que l’on a dit ! » Puis il sera ordonné qu’il soit traîné face contre terre jusqu’à ce qu’il soit jeté dans le Feu.

Et il y aura un homme à qui Dieu a accordé la largesse et à qui Il a donné toutes les sortes de biens. On l’amènera et Dieu lui fera reconnaître Ses bienfaits, qu’il reconnaîtra. Il lui dira : « Qu’en as-tu fait ? » Il Lui répondra : « Je n’ai laissé aucune voie où Tu aimes que l’on dépense son bien[1] sans avoir donné pour Toi. » Dieu dira : « Tu as menti. Mais en vérité, tu as agi ainsi pour que l’on dise : « Il est généreux. » Et c’est bien ce que l’on a dit ! » Puis il sera ordonné qu’il soit traîné face contre terre, puis il sera jeté dans le Feu. » (Muslim) Si Dieu dit à ces trois personnes qu’elles ont menti, ce n’est pas au niveau des actes, car elles ont bien accompli les œuvres dont il est question : le combat, le savoir et les aumônes, mais elles ont menti au niveau de leur intention.

Le troisième sens du mot sidq s’entend au niveau de la détermination et de la fidélité à l’engagement pris. En ce qui concerne la détermination et la résolution (al-‘azm), cela consiste par exemple à dire : « Si Dieu me donne des biens, j’en distribuerai la totalité en aumônes. »

Cette résolution peut être sincère, mais il peut s’y mêler aussi une forme d’hésitation. En ce qui concerne la fidélité à l’engagement pris, elle se manifeste lorsque le serviteur réalise ce qu’il avait résolu de faire, et s’y tient fermement, malgré les épreuves et les difficultés rencontrées. Dieu dit dans le Coran : « Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore, et ils n’ont rien changé (à leur engagement). » (Coran, 33, 23)

 

Un quatrième sens du mot sidq s’entend au niveau des actes : il consiste en une parfaite adéquation entre ce que l’adorateur ressent secrètement et ce qui apparaît de lui publiquement. Il ne convient pas à titre d’exemple que le serviteur déballe en apparence une ferveur qui se lit dans ses gestes, alors qu’au fond de lui-même, il n’éprouve aucune forme de recueillement et d’humilité. Mutarrif disait : « Lorsque l’adéquation est entière entre la part secrète du serviteur et ce qui paraît de lui, Dieu – à Lui la Puissance et la Majesté –  dit : « Voilà véritablement mon serviteur. »

 

Mes chers frères et sœurs en Islam, il nous est donc demandé à tous d’acquérir cette qualité morale :as-sidq la sincérité, la franchise, la véridicité, l’authenticité. Cette qualité concerne en fait tous les domaines de la foi et de l’action, qui en sont le reflet. Dieu dit en effet dans le Coran :

 

«La bonté pieuse ne consiste pas à ce que vous tourniez vos visages vers l'Orient et l'Occident. Mais la bonté pieuse est (le fait de celui) qui croit en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes; et qui donne de son bien - malgré l'amour qu'il lui porte - aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, au voyageur indigent, à ceux qui demandent de l'aide, et pour l'affranchissement des esclaves. Et qui accomplit la prière et acquitte l'aumône légale. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu'ils se sont engagés, et qui ont le mérite de se montrer patients dans la misère et la nuisance, et au plus fort du combat. Ceux-là sont ceux qui ont été véridiques (alladhîna sadaqû). Et ceux-là sont les hommes pieux. » (Coran, 2, 177)

 

Nous demandons à Allah de nous pardonner nos erreurs et de faire en sorte de nous élever au rang de ceux qui sont sincères. Allâhumma âmîn !



[1] Qu’il s’agisse d’une donation, d’un acte de charité ou d’une quelconque œuvre d’entraide sociale.

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